Abordant la deuxième mi-temps, celle de leur vie, y compris professionnelle, bien des notaires de 50 ans et plus, semblent désabusés. Les « quinquas » ont le bleu, celui de l’âme. Pourtant, la liste des « plus » équilibre largement celle des moins…
Après les études, puis les stages, beaucoup se sont jetés dans le grand bain, dès leur installation. Ils ont ramé pour garder les anciens clients et pour en capter de nouveaux. Ils ont avalé l’avalanche des réformes mal fagotées… Bref, la vie à 10 000 volts où il a fallu concilier le(la) conjoint(e), les enfants et leur cortège de problèmes qui se télescopent et puis la crise ! Avec les éclaircies, l’heure du bilan pourrait ouvrir un nouveau départ, plus serein, où le souffle se fait plus profond, avec l’expérience qui sécurise. Mais voilà que ce regard rétrospectif se fait interrogatif. Ah ! Qu’il était bon :
– de renouveler ses forces dans le puits sans fond de l’authenticité, dispensée pour l’équilibre sociétal ;
de se sentir investi d’une mission responsable d’équité et de sécurité
d’accueillir les sollicitations, parfois tacites, d’organisations architecturales du patrimoine, et d’en recueillir souvent une profonde satisfaction.
Les turbulences franchies devraient exonérer des doutes et favoriser la quiétude. Pourtant, aujourd’hui, le bleu à l’âme est là…
4 raisons d’avoir le blues
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le « blues du notaire ». 1. L’énergie motrice mollit. On en cherche les motifs et, bien sûr, on en trouve tant et plus. Mais pas plus, ni moins que dans la première mi-temps dont on a pourtant su négocier les nombreux obstacles. Croyant pouvoir souffler un peu, parvenu dans la plaine, on se sent inexplicablement envahi par le doute, celui qui mène l’action en la démotivant. L’heure du bilan nécessite de réanimer la flamme de la foi. Mais bien qu’ayant sa place dans la société, la foi a vu ses diverses sources se tarir, car notre environnement n’est guère porteur. 2. Notre statut a été bousculé dans ce qu’il y a de plus sacré pour nous. On a bien failli devoir partager l’authenticité avec les avocats qui, eux, y ont gagné un acte bâtard et fauteur de troubles. La confiance n’y est plus. 3. Le socle de nos certitudes est ébranlé. Nous nous sentons trahis, sans pour autant avoir démérité. Alors, nous nous sentons incompris. 4. Le nouvel élan qui aurait pu venir du Projet des notaires de France (PNF) ne semble pas avoir atteint son but. Ne cherchons pas la faute en haut. Chacun fait ce qu’il peut dans un environnement fuyant. Il faut donc admettre que le remède miracle n’existe pas plus que l’homme providentiel ! Devons-nous alors traîner nos désillusions sans tenter de redresser le dos ?
Remède anti-stress
Il nous faut revenir à nos « fondamentaux » dont l’un des principaux repose sur notre utilité perçue par nos concitoyens. But qui s’éloigne si nous persistons à nous arcbouter sur notre mono-activité immobilière, illusion incapable de résister au réalisme de ce temps. La voie du « tout informatique » est une mécanique effroyablement déshumanisée où la personnalisation du service s’efface devant l’automaticité des traitements. Si nos études continuent sur ce chemin, nous finirons par tourner le dos à la satisfaction perçue par nos clients, mais aussi par nous-mêmes. Notre confiance pourrait irriguer à nouveau nos panonceaux, et panser nos bleus, en rendant des services susceptibles d’être perçus. Le public est désarçonné face au déluge de galimatias qui lui est administré au kilo de papier. En amont et en aval du monopole et au service de leur patrimoine, voilà les valeurs sûres de la reconnaissance de notre utilité ! Nous avons là notre mine anti-stress de reconquête de confiance en nos vraies valeurs humanistes de service reconnu !