Le patrimoine intéresse nos clients. Intéresse-t-il les notaires ? Rien n’est moins sûr. Depuis que les rotatives notariales crachent, à pleines et si nombreuses pages, leur lot aseptisé de formules, le notaire peine à fournir. En haut lieu, on n’en parle plus, ou du bout des lèvres, sans conviction. Faudrait-il donc abandonner une fois de plus ? Et au fait, est-ce bien utile ?

 

Une toute petite minorité, bien formée dans les années 80 de disette, maintient l’activité sans pavoiser, pour ne pas se faire remarquer de la concurrence ! À l’opposé, une minorité, plus importante et surtout plus influente, affirme haut et fort à qui veut l’entendre qu’il s’agit d’une activité dangereuse pour notre responsabilité, ce qui entraîne ipso facto la fermeture des yeux, des oreilles et du porte-monnaie ! Au milieu, la majorité, prête à essayer avec UNOFI, aujourd’hui totalement démotivée par les débordements immobiliers, fait le dos rond sous l’effort de fourniture, dans la pénurie de personnel formé et motivé. Patrimoine, cadet des panonceaux… Tant que le bâtiment va ! Constituer son patrimoine, le gérer, le transmettre, telles sont les trois mamelles qui alimentent les soucis de nos clients. Qui oserait affirmer que le 1er et le 3e ne sont pas d’essence notariale fondamentale ? L’achat immobilier, sa donation sont certes importants. Pour autant, notre activité est-elle bien représentative des attentes de nos clients ? Quant à sa gestion, voilà le mot de trop ! Tabou ! Si on entend celle d’un portefeuille, il est évident que nous n’avons aucune vocation à devenir banquiers, mais ce mot, pourtant aujourd’hui « collé » au patrimoine ne saurait-il être entendu de cette oreille ? Gérer se conçoit essentiellement dans sa conception arbitrale et architecturale. Vocation notariale puisqu’elle résulte d’un besoin fondamental de nos clients, mais abandonnée depuis que la formation nécessaire à cette pratique fut jetée aux orties (à l’exception de quelques DESS, actuels masters, sauvés des eaux du renoncement). Qu’importe ! Le vent en poupe nous est favorable, la Chancellerie louangeuse, l’Europe calmée, l’international protecteur… Foin des rabats joies ! Alors souhaitons que cela continue jusqu’au ciel où, pourtant, même les arbres ne montent jamais ! Ne doutons pas que la longue-vue consubstantielle à nos dirigeants ne se satisfasse point du four et du moulin, occupation actuelle de nos panonceaux pour anticiper nos lendemains et leurs appétits d’adaptation aux légitimes attentes de nos clients.