
N2000 : Pourquoi avoir choisi le thème de la solitude pour votre congrès ?
Bernadette Tejedor : Parce que près du tiers de la population vivant en France souffre de solitude. Lors-que je l’ai su, j’y ai vu un thème de société, cher au Mouvement Jeune Notariat, mais aussi un formidable outil pour que le notariat puisse répondre à son rôle social. Dans « Le meurtre et l’espérance », Dostoïevski écrit : « Ou l’espérance est violente et la vie lambine à sa poursuite, ou c’est la vie qui est violente et l’espérance faiblarde ». Toute mon équipe a bien sûr saisi la première moitié de cette phrase et espère, non pas violemment, mais avec conviction, pouvoir aider à atténuer les impacts de cette solitude.
François Person : Le droit se doit d’essayer d’apporter remède au fléau social de la solitude. Au travers de son action de terrain, le notariat joue le rôle « d’écologiste du droit » et contribue au développement social « durable ». Après le congrès de San Franscico sur « le droit et l’économie », c’est donc naturellement que le MJN retourne à ses racines humanistes et progressistes. A Saint-Pétersbourg, nous allons tenter d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice juridique, le tout avec l’aide des Professeurs Michel Rouche et Jacques Foyer (rapporteur de synthèse).
N2000 : Sous quel angle allez-vous traiter ce sujet ?
François Person : L’état de solitude se retrouve dans de nombreuses situations. Pour intéresser au mieux nos confrères, nous avons choisi de traiter à la fois de l’aspect social et de l’aspect professionnel. Sur le plan social, nous nous devions d’apporter notre vision du paysage juridique car nous sommes les témoins quotidiens des faiblesses et détresses de nos contemporains. Ainsi, nos travaux évoquent-ils, tour à tour, la solitude liée aux épreuves de la vie humaine (survenance du handicap, maladie, ruptures ), puis la solitude liée aux temps de la vie humaine (l’enfance, la fin de vie, le deuil). S’agissant de l’aspect professionnel, nous évoquerons les problématiques du jeune notaire face à l’installation ou à la création, celles du notaire isolé, sans oublier la mésentente au sein des structures sociales.
N2000 : Pouvez-vous nous dévoiler quelques-unes de vos propositions ?
François Person : Comment séduire nos confrères sans pour autant déflorer nos travaux… Au plan social, nous tenterons d’apporter des remèdes à ces différentes solitudes, soit sous forme collective (l’urbanisme intergénérationnel au travers d’aides « à la pierre » et d’aides à la personne), soit sous forme contractuelle (accueil familial, pacte de famille, créance de salaire différé contractualisée de l’enfant ou de la personne dévouée). Au plan professionnel, nous étudierons bien évidemment les pistes du parrainage, de l’externalisation, de la sous-traitance, de l’arbitrage des conflits et des modalités transitoires de scission d’office. Vastes champs de réflexion où chaque congressiste pourra apporter sa contribution. C’est l’objectif des congrès MJN, donner la parole à tous, dans l’unique souci de faire avancer notre profession dans l’univers social et juridique.
N2000 : Des liens ont-ils été créés avec le notariat russe ?
Bernadette Tejedor : oui, nous avons déjà été accueillis par le Consul de France et Natalia Bogdanova, une jeune femme russe, travaille dans notre équipe. Le notariat russe sera, de plus, largement représenté lors de notre congrès.
N2000 : Qu’est-ce qui vous a conduit à choisir Saint-Pétersbourg ?
Bernadette Tejedor : Mon équipe et, tout particulièrement, Annie Lamarque, le commissaire général et Catherina Makosso, responsable du forum international. Après San Francisco, il fallait une autre ville mythique. Saint-Pétersbourg fête cette année ses 305 ans. C’est une jeune capitale inspirée de beaucoup de villes européennes qui, je suis sûre, plaira aux congressistes !
Plus d’infos : http://www.mjn.fr/CongresMJN2008