Ces derniers mois ont été marqués par d’importantes opérations de regroupement dans le secteur des SSII travaillant principalement pour la profession notariale. Successivement, on a assisté à la cession d’Infolib par Lexis Nexis à Fiducial, et au rachat de PMS (Juris) par Mnémosyne. Que penser de ces grandes manœuvres ?

 

La forte concentration que connaît ce secteur d’activité ouvre une perspective : celle de voir émerger deux acteurs dominant le marché.

Faut-il s’en réjouir ? Les experts en économie vantent régulièrement les opérations de croissance qui ont pour résultat l’atteinte de la fameuse « taille critique », celle qui permet de faire des économies d’échelle, d’investir lourdement en recherche et développement et donc, en principe, d’apporter un meilleur service aux clients. Le postulat ne se vérifie malheureusement pas toujours et les contre-exemples foisonnent. D’autant que lorsqu’une entreprise occupe une position dominante, elle en profite généralement pour imposer sa loi et ses prix !

A contrario, ce genre de situation peut donner l’occasion aux « petits » survivants de montrer leur sens de la créativité et de l’adaptabilité, car il en faut pour maintenir son équilibre économique lorsqu’on joue dans la cour des « gros ». Comment ne pas faire un parallèle avec le monde du sport où dans toutes les disciplines, les clubs à gros budget ont tendance à rafler les premières places ? Mais la fameuse « glorieuse incertitude du sport » permet des surprises. Cela arrive aussi en économie !…

 

Légitimité

Cette évolution du marché est-elle un facteur de légitimité pour Mnémosyne ? A la base de sa création, il y avait une ambition, celle de devenir l’acteur incontournable du marché des logiciels « notariaux ». Le rêve commence à prendre forme, même si et heureusement il reste des acteurs pour favoriser le jeu de la concurrence. Et tant mieux pour les consommateurs notaires ! Mais comment ne pas s’interroger sur deux plans :

• quelle serait la situation du notariat si Mnémosyne était devenu son unique fournisseur, quand on voit les difficultés connues par cette entreprise pour trouver sa voie ?

• quel coût exact représente cette aventure pour la profession ? Il est question de dizaines de millions d’investissements. Si cela ne représente pas des pertes (dans ce cas, qui les éponge ?), on peut légitimement se poser une question : la valeur ajoutée de l’entreprise est-elle à la hauteur des capitaux investis ? Si la Cour des Comptes notariaux existait (elle reste à mettre en place !), nul doute qu’elle aurait de quoi s’occuper en dressant le bilan de cette aventure…