Lors de notre enquête sur la publicité personnelle, le commentaire de l’un des notaires interrogés nous a interpellés. En effet, selon lui, un notaire n’aurait pas le droit d’envoyer un courrier d’informations générales à ses clients : il s’agirait d’une opération de démarchage. Raison invoquée : le “client” étant libre de choisir son notaire, aucun notaire ne peut en revendiquer la patrimonialité.
Si l’on suit ce raisonnement, il faut en déduire au moins deux niveaux de conclusions : • Les clients n’existent pour personne, pas plus pour les entreprises que pour les professionnels libéraux, car sous un régime démocratique, chacun est libre d’aller chez le prestataire (commerçant ou non) de son choix ; • Un office n’a pas de valeur, puisqu’il n’a pas de clients, et donc pas de clientèle !
Absurde Ce processus déductif prouve que l’on peut rapidement confiner à l’absurde : les clients existent bien pour les notaires comme pour les autres prestataires, sinon le dictionnaire ne se donnerait pas la peine d’en fournir une définition aussi précise ! Que retirer de ce type d’analyse sinon que certains notaires restent encore fortement obsédés par la crainte de se voir accusés de la plus petite dérive “commerciale”, par définition vouée aux gémonies. Sur un tel registre, un notaire qui prendrait la peine d’envoyer à ses clients une information susceptible de leur être utile deviendrait condamnable… L’intérêt du client deviendrait alors secondaire, ce qui ne paraît pas conforme à la philosophie qui doit inspirer un code de déontologie (voir notre édito).
Client et prospect
A contrario, la réflexion sur les caractères constitutifs du « client » est intéressante à poursuivre. Dans une entreprise, le client est celui à qui l’on a assuré une prestation et qui a fait l’objet d’une facturation, alors que le prospect demeure un client potentiel tant qu’aucune prestation ne lui a été fournie. Il est clair que l’on ne pourra qualifier de client la personne qui a simplement franchi la porte de l’étude pour une demande de renseignement. Mais lorsque l’office a reçu plusieurs actes ayant fait l’objet de facturations d’émoluments, il ne saurait y avoir de doute sur la réalité du client. Et tant mieux si des notaires dynamiques et entreprenants se donnent la peine d’apporter régulièrement à leur clientèle, à travers des courriers ou par le biais d’un site personnel, les informations qui pourront leur être utiles ! Ils sont autant de maillons contribuant à renforcer le rôle social du notaire et à en faire un acteur incontournable. Espérons qu’ils seront de plus en plus nombreux !