
Objets publicitaires ?
Il y a objet et objet… Si la carte de visite et la chemise-dossier échappent au label « publicité personnelle » (« Ce sont des éléments facilitant le contact avec l’étude »), d’autres sont pointés du doigt. C’est le cas des briquets, stylos et porte-clés, cités en exemple dans notre enquête, qui « dévalorisent le métier » : « Être notaire nécessite une certaine élégance et beaucoup de retenue » commente Me Jean-Paul Bron (Haut-Rhin). Pour Me Pierre-André Lhomme (Eure-et-Loir), ces objets « relèvent d’une démarche purement commerciale ». Il précise toutefois qu’il met « la négociation notariale sur un autre registre, celle d’un service en vue d’un contrat… ». Pour son confrère, Me Ronzier (Eure-et-Loir), il n’y a pas d’information diffusée en donnant un briquet ou un porte-clés. Enfin, Me Philippe Robin (Indre-et-Loire) y voit « la porte ouverte à tous les cadeaux d’entreprise » et met en garde ses confrères : « une telle dérive se ferait nécessairement au détriment des plus petits » écrit-il.
Certification qualité
Pour 84 % de notre panel, faire état d’une certification qualité ne relève pas de la publicité personnelle (16 % jugent que si). De même, 87 % estiment qu’on ne peut taxer de publicité personnelle le fait de mentionner un diplôme de spécialisation. « Ce sont des éléments objectifs », « cela résulte d’un effort ou d’une compétence régulièrement sanctionnée, accessible à tous » nous dit-on ici et là. Quelques-uns toutefois s’y opposent. Dans les Alpes-Maritimes, cela est perçu comme « contraire à l’unicité ou l’indivisibilité de la fonction ». Cela « induit une notion de qualité supérieure dans le service » écrit un notaire de Haute-Savoie. Son confrère Jean Deruaz attire notre attention sur le fait que « qualité de l’organisation ne signifie pas forcément compétence » tandis que Me Ballara, également notaire en Haute-Savoie, craint que l’absence de mentions « ne pénalise les petites études qui ne passent pas les examens faute de temps ».
Les limites à ne pas dépasser
Nous avons demandé à notre panel où il situait la ligne jaune à ne pas dépasser en matière de publicité personnelle. Le respect des règles déontologiques et la notion de « service public » sont les conditions sine qua non pour « rester dans les clous ». « Peut-on vraiment aujourd’hui imposer des limites, nous répond Me Villin (Côtes d’Armor) ; elles existent déjà dans l’application des règles déontologiques qu’il conviendrait simplement de rappeler ! ». Dans un autre registre, le respect des autres professionnels (confrères, agents immobiliers…) est également cité à plusieurs reprises. Nous ne sommes pas loin des valeurs fondamentales du notariat, sujet largement traité lors de la dernière session de l’Assemblée de liaison par Me Rémy Balland et son équipe. Me Bernard Matet (Gard) rappelle également que le notaire n’est ni un commerçant, ni un démarcheur. Dans le Bas-Rhin, Me Jacques Garnier estime que « les coordonnées de l’étude ne devraient être transmises que pour une affaire donnée » et que « la publicité devrait se limiter aux coordonnées de l’étude ». De leurs côtés, Me Grégoire Bauchy (Loiret) et Me Bertrand Cuillé (Gard) condamnent les actions à destination du public (et non de la clientèle) ayant pour seul objectif de se faire connaître. « Il ne faut pas confondre information et médiatisation personnelle » renchérit Me Jean-Jacques Hoffmann (Haute-Marne). Enfin, Me Hugues Bourdot (Calvados) s’oppose à la publicité dans les médias, non liée à une mise en vente immobilière.
Site internet
Pour 70 % de notre panel (contre 30 %), mettre en place un site Internet personnel pour l’étude n’est pas un acte de publicité personnelle. Pour quelques-uns, certaines conditions, variant selon la sensibilité de chacun, sont à respecter pour échapper au « label pub perso ». Ainsi, pour Me Jean-Claude Duhamel (Ille-et-Vilaine), le site ne doit pas « vanter l’étude ». Dans le Loiret, un de ses confrères insiste sur le fait qu’il doit avoir « un caractère informatif » et dans le Pas-de-Calais, Me Nicolas Daudruy estime qu’il doit être « lié à l’activité de négo ». Me Charles Le Bourdonnec (Eure-et-Loir) qui se dit favorable aux sites persos (y compris lorsqu’ils sont liés à la négo), y voit toutefois une sorte de « vitrine sur le net », ce qui le conduit à proposer, non sans humour, « d’opacifier l’écran » pour que, à l’instar des vitrines des notaires négociateurs, « on ne voie pas à l’intérieur »… Pour Me Hemery (Pas-de-Calais), « l’idée d’un site n’est pas de dire : venez chez moi je suis le meilleur ». Enfin, Me François-Xavier Seyler (Bas-Rhin) estime que « dans la mesure où le site rend service ou informe l’internaute, il constitue une publicité pour l’ensemble de la profession ».
Positionnement préférentiel
Pour 66 % de notre panel (contre 34 %) acheter un positionnement préférentiel sur un moteur de recherche internet (google, yahoo…) doit être prohibé, « sauf s’il s’agit de nos instances » nuance Me Cuillé. Il s’agit d’accrocher des prospects extérieurs à la clientèle écrit Me Bauchy (Loiret). Pour Me Callat (Seine-Maritime), il s’agit de pub perso car « cela doit rester aléatoire ». Pour d’autres (34 %), le positionnement préférentiel n’a rien à voir avec la pub perso, c’est au contraire « faire preuve de modernité » comme l’écrit Me Jean-Paul Bron (Haut-Rhin).
La publicité perso en quelques mots…
Si les définitions sont multiples, toutes recoupent celle de Me Seyler : « La publicité personnelle, c’est celle qui consiste à dire d’un notaire “I am simply the best” comme chante Tina Turner ». Tirer la couverture à soi, « insister plus sur son nom que sur la profession » (Me Villin, Me Daudruy…) , « vanter ses compétences personnelles et professionnelles » (Me Renaud dans les Côtes-d’Armor), voire d’« aller au-devant d’une clientèle potentielle » (Alain Maisonnier en Savoie) sont autant d’actions qui relèvent de la publicité personnelle. Pour Me Philippe Robin, la solution consiste à être « par sa compétence, sa disponibilité et la qualité du service rendu, sa propre enseigne publicitaire » ! Et Me Jean Deruaz de conclure : « la seule publicité personnelle dans le notariat devrait être le bouche à oreille ! ».