La place des femmes est à la cuisine diraient les mauvaises langues. Mais après tout, n’est-ce pas en posant sans cesse la question que l’on finit par obtenir ce genre de réponse, qui, selon celui qui la profère, sera la démonstration d’une misogynie primaire ou d’un sens aigu de la provocation ? D’ailleurs, faut-il encore traiter la question ?!

 

Il y a des femmes qu’on admire, Il y a des femmes qu’on élit, Il y a des femmes qu’on reconnaît pour leurs compétences, Il y en a aussi hélas… Il y a des femmes et puis voilà ! Qu’on ne nous fatigue plus avec ce sujet-là ! Non seulement la place des femmes est un sujet de débat récurrent (Chiennes de Garde, si vous nous lisez, il n’est pas question ici de ménage, ni de poudre à récurer !), mais il devient même un frein aux débats. Combien de fois, dans un organisme présidé par une femme, ai-je assisté médusé au débat essentiel : doit-on l’appeler Madame LE président, Madame LA président ou Madame LA présidentE ? Chacune des intéressées ayant sa propre version et ma mémoire me jouant souvent des tours, en général, pris de doute, je ne l’appelais pas…

 

Vous avez dit « Mademoiselle » ?

Mais il y a plus grave ! Figurez-vous que nos ancêtres ont eu la mauvaise idée de « sous catégoriser la catégorie » ! Ainsi, lorsque vous utilisez le terme « Mademoiselle », vous prenez un risque extrêmement important. Si, si, je vous assure ! Une de mes collaboratrices (je suis cerné par l’ennemie !) avait osé écrire « Mademoiselle » à une célibataire d’origine américaine. La riposte fut immédiate : « je vous prie de noter que l’usage du terme ’Mademoiselle’ est interdit, car sexuellement discriminant ». « L’auteure » (ben oui, il faut dire comme ça) de cet impair ne sachant comment s’en sortir, j’ai dû expliquer à cette Calamity Jane que notre langue manquait parfois de nuances. Et que faute de disposer « d’un neutre » ou de pouvoir dire « schtroumpf », il faut bien attribuer le titre qui semble le mieux adapté au « quelqu’un » ! Du reste, rappelez-vous, lorsque vous étiez enfant et que vous disiez simplement « merci »… On vous rappelait systématiquement à l’ordre en demandant : « merci qui ? ». Ce problème est insurmontable. Et, en même temps, que de temps perdu… Il y aura toujours des minorités opprimées. Je suis bien placé pour le dire en ma triple qualité de gaucher/TPO/bressan, mais une chose est sûre : ceux qui s’en lamentent n’aident pas à améliorer leur sort. On vous colle une étiquette qui ne colle pas avec votre « moi profond » ? Passez outre, et priez pour que tous les autres membres de votre « catégorie » fassent de même. Vous verrez, l’étiquette tombera d’elle-même !

 

Minorités opprimées

Il paraît qu’il nous faut assumer la part de féminité que nous, « pauvré zhommes », avons en nous… OK, mais dites-moi, ne serait-il pas temps que les femmes assument la leur ? Combien de fois avons-nous entendu un conférencier (de sexe masculin généralement) parler de « l’homme » dans un élan littérairement correct, avant de s’empresser d’ajouter, pour éviter tout problème, « et la femme naturellement » ? De même, il m’est souvent arrivé d’oublier qu’un professionnel était une femme avant qu’elle ne le fasse remarquer, à contretemps ou à mauvais escient, et le plus souvent en essayant d’en tirer avantage… Mais je ne suis pas très observateur… Il m’arrive même d’oublier que mes chiens ne sont pas humains. Lorsque je me surprends en flagrant délit d’anthropomorphisme, je soupire : « Il ne leur manque que la parole ». Puis je me ressaisis : « au moins, ils ne disent pas de bêtises ! ».