Plus on est jeune, plus on a d’emprunts… et plus on travaille pour avoir des clients. Plus on a de clients, plus on travaille, plus on accélère : on répond alors de plus en plus rapidement et on prend de plus en plus de risques ! Le stress va crescendo… Gare à l’explosion !
Ce côté golden boy, winner, restera fossilisé aux deux dernières décennies du XXe siècle. Mais la surproduction de certains offices, les méfaits pointés de la surrémunération de certains, la trop faible augmentation de notre nombre ont été dénoncés par de nombreux rapports tant nationaux qu’internationaux. Cela a également attisé la convoitise des avocats et précipité les réformes de notre profession. Il en est de même de l’économie globale, secouée par la crise actuelle. Celle-ci est la conséquence de la surperformance du secteur financier, mais aussi des cadres dirigeants assis sur un siège éjectable à 45 ans avec des modes de rémunération aujourd’hui montrés du doigt. Toute une culture… Il y a changement de paradigme de la performance, il faut lui donner du sens.
Donner du sens
La performance de chacun doit tendre à l’adéquation du type de services rendus aux besoins de ses propres clients. • Le sens des services. Le notariat doit adapter la gamme de ses services et les segmenter par type de clients. Par exemple : quel service nouveau pour le papy-boom ? Suivons-nous nos clients en Europe ou dans le monde ? Quand concevrons-nous des offices spécialisés comme en médecine ? • Le sens pour l’entreprise. Nous ne pouvons plus penser uniquement “performance du notaire” mais “performance d’une équipe”. Nous devons penser aux hommes et aux femmes qui composent l’entreprise notariale. La performance doit être étalonnée en fonction de ce que nous faisons avec nos collaborateurs (formation, évolution de carrière…). • Le sens sociétal. Quel est l’impact de l’office sur son territoire (associations, réunions publiques avec les commerçants locaux, commissions d’urbanisme, etc.) ? Pointons notamment le peu de notaires élus à tous niveaux, à l’inverse des avocats au Parlement. Ces derniers ont pourtant les mêmes préoccupations que nous…
Label Ecoffice
Nous devons également donner à notre performance un sens environnemental, c’est-à-dire prendre conscience de l’impact de notre métier sur l’environnement (1). Par exemple, il faut 450 ans pour qu’une cartouche d’imprimante se décompose. Elle produit en moyenne un kilo et demi de déchets ! Que penser des stylos bille et surtout des encres de toutes nos imprimantes et photocopieuses, qui sont nocives à la production et néfastes à l’élimination ? Les recyclables existent : un deal avec Bic serait peut-être jouable… Savons-nous que notre papier est blanc parce que c’est de la chimie (chlore) ? Devrons-nous être désignés ou taxés (utilisateur – payeur) pour être performants ? Notre performance, c’est aussi l’utilisation du recyclé. Cela évite de couper des arbres et permet d’économiser beaucoup d’eau, beaucoup de produits chimiques et du pétrole (pour les transports). Quant à nos cartes de visite et à nos pochettes, elles sont pelliculées. La séparation entre le film plastique et le papier ne se faisant pas, aucun recyclage n’est possible. Il suffit pourtant de demander à nos imprimeurs d’utiliser un vernis de protection à l’eau en 5e passage à la place du pelliculage. Les solutions ? “Nous le valons bien“ ou, au moins, nous valons une réflexion sur un processus organisé par la profession sur le recyclage de tous nos matériels obsolètes (ordinateurs, écrans et cartouches) et sur le papier. Un label “écoffice“ constituerait un gain d’image dans le public en plus d’un allégement du poste “fournitures”. Ce label pourrait être créé, en France, par le CSN. Il pourrait être étendu au Conseil des Notariats de l’Union Européenne (CNUE) ou à l’Association du Notariat Latin. Il serait alors aussi remarquable que remarqué. La performance du notaire se loge également dans sa contribution à “moins“ épuiser et réchauffer la planète… Car elle chauffe !
1. Voir sites impression-durable.fr, ademe.fr et coatingscare.org.