La profession a bien compris le message qui lui a été adressé par les pouvoirs publics et par les instances européennes. Il faut désormais augmenter le nombre des notaires.

 

Il s’agit là d’un objectif bien ancien que le notariat s’était lui-même fixé, il y a quelques années. Souvenez-vous du fameux “10 000 notaires en l’an 2000”. Joli slogan mais bien triste constat en contemplant les effectifs actuels. Les notaires ne tiendraient-ils pas leurs promesses ? Le sens et la portée de l’engagement des notaires, leur fonction dans la société, leur rôle aux côtés de leurs clients justifient pourtant pleinement l’augmentation de leur nombre. En ces temps de crise, les besoins de sécurité juridique et de conseil impartial se font encore plus fortement ressentir. Plus que jamais, le besoin de notariat est une réalité. Seulement voilà, les beaux principes se heurtent à une réalité moins glorieuse. Il existe pourtant un vivier de notaires potentiels totalement ignoré – volontairement ou non – par la profession. C’est notamment le cas des collaborateurs habilités qui exercent, au quotidien, un rôle équivalent à celui d’un notaire !

 

Avenir notaire

La suppression de l’habilitation ne serait-elle pas un moyen efficace pour augmenter le nombre de notaires ? Pourquoi s’entêter à multiplier les clercs habilités, alors qu’ils pourraient facilement être associés ? À l’évidence, il s’agit d’une piste d’avenir qu’il ne faut pas négliger. Oui au notariat à part entière, non aux “notaires Canada Dry” car, n’en déplaise à certains, la seule habilitation ne constitue pas, en elle-même, une marque de reconnaissance réellement significative. Il s’agit surtout d’un bon prétexte pour éviter au notaire d’assumer la charge directe des rendez-vous en se donnant, dans le meilleur des cas, bonne conscience ! Il est bien facile pour un notaire de s’adjoindre les services de plusieurs collaborateurs pour se soustraire à son rôle de notaire, chargé de recevoir les actes authentiques. Les collaborateurs habilités sont alors utilisés pour faire tourner l’entreprise à la place du titulaire. Ne faut-il pas y voir une solution très intéressante pour le notaire installé ?

 

Points de valorisations

Pour valoriser réellement les collaborateurs : • instaurons une participation au chiffre d’affaire et pratiquons des augmentations régulières de salaire. Même en temps de crise, il ne faut pas oublier que la compétence, l’assiduité à l’étude, pour ne pas dire le dévouement exemplaire de certains collaborateurs, doit se traduire par une rémunération équitable. La compétence et l’efficacité se payent toujours. Certaines études “fidélisent” leurs collaborateurs en proposant des mécanismes de participation ou d’augmentation de salaire régulière. Pourquoi sont-elles si rares ?

• associons les collaborateurs à la marche de l’étude et à ses projets d’avenir. La démarche qualité en est une bonne illustration. Il est simple d’impliquer les collaborateurs dans la définition des progrès à accomplir pour assurer le développement de l’étude. C’est gratifiant et réellement ressenti par les collaborateurs comme une marque de confiance,

• offrons-leur des formations. Il n’est pas rare de voir des notaires blêmir à l’idée d’envoyer leurs collaborateurs en formation. “Le temps passé hors de l’étude, c’est de la productivité en moins”, “Je ne vais pas leur financer des vacances”, “S’ils partent en stage, ils vont finir par me demander des augmentations de salaire !”… Combien de fois avons-nous entendu ce triste discours ? Les notaires ont l’obligation de former leurs collaborateurs. Mais faute de réelle sanction, bien peu s’en soucient réellement.

• efforçons-nous de leur offrir un cadre de travail agréable et conforme à leurs attentes. Est-il normal de reléguer certains collaborateurs dans des sous-sols ou dans des bureaux exigus ou poussiéreux ? Il existe, dans certaines grandes villes, des services ‘mainlevée’ dans des caves sans aucun éclairage naturel… Balzac n’est pas loin.

Enfin, pour les stagiaires, qui sont l’avenir de toute la profession, il convient absolument de leur offrir une formation de qualité. Pourquoi ne pas faire en sorte de systématiquement leur attribuer des dossiers en rapport avec les formations qu’ils suivent ? La vraie valorisation du collaborateur passe par une considération de ce qu’il est et de l’effort de formation qu’il initie en venant à l’étude. Il doit trouver, en regard, un formateur réellement heureux de l’accueillir. De surcroît, est-il bien normal et raisonnable d’habiliter des stagiaires ?