Tout serait-il devenu parfait au royaume des électrons notariaux ? Est-il normal que les plus farouches détracteurs des initiatives centralisées en matière de nouvelles technologies se trouvent, aujourd’hui, parmi les défenseurs de ce qu’ils fustigeaient ? En quelques mots, comment peut-on être « pour » le CSN alors qu’avant on était « contre » ? Rien de plus simple, en vérité…

 

Je ne vois pas, sérieusement, comment un notaire pourrait être « contre » le CSN. Symétriquement, je ne suis toujours pas disposé à admettre qu’il faille toujours être « pour » tout ce qui émane, de près ou de loin, d’une institution dont la représentativité est, quoi qu’on en dise, discutable. Il en résulte que si je suis en mesure de me soumettre (ne suis-je pas inutilement abonné à REAL depuis 6 ans ?), je ne puis accepter de devoir le faire en silence… Je n’ai jamais été contre le CSN, je ne suis pas pour : je suis, comme nous le sommes tous, AVEC lui. En revanche, je ne pourrai jamais accepter qu’on m’impose de croire qu’un idiot entrant au Conseil devienne automatiquement un génie infaillible, ni que le notariat se divise en deux catégories bien distinctes : les génies qui « y sont », et les crétins qui « n’y sont pas ». Au nombre desquels se trouvent, faut-il le rappeler, aussi bien, et à parfaite égalité, ceux qui n’y sont pas encore, et ceux qui n’y sont plus…

 

Le temps de l’efficacité

R.E.AL n’est-il donc plus l’anagramme de RALE ? De toute évidence, un élément crucial a changé : R.E.AL. ne cherche plus seulement à « faire figure », voici le temps de l’efficacité. Oh bien sûr, ses partisans les plus zélés diront que tout était prévu de longue date, et que, sans intranet, nous n’aurions pas pu effectuer ce dont nous voyons aujourd’hui les prémices (accès aux serveurs de la D.G.I.). Les froids partisans rétorqueront qu’il vaut mieux marcher avec une jambe de bois que sans jambe du tout, mais qu’on peut, bizarrement, déclarer et payer ses impôts par Internet… Autant se demander « qui de la poule et de l’œuf était là en premier » ! Reste que, sachant que j’appelais déjà de mes vœux, en 1995 au congrès UGNF de Poitiers, la création d’un intranet et l’ouverture aux notaires d’un accès direct en temps réel aux données hypothécaires et cadastrales, il me semble difficile d’être accusé de revirement ! L’intranet était jusqu’à présent (et reste en partie) un outil onéreux à l’utilité discutable. Le contenu du portail ne nécessitait certainement pas une telle sécurité, quant à l’accès au F.C.D.D.V… Passons ! Il est désormais le seul pont permettant d’accéder à l’Ile au Trésor (Public).

 

Outil de travail

Qu’importe maintenant de savoir si l’œuf était là avant la poule, les deux sont indissociables. Les discussions d’opportunité ou d’adéquation n’ont donc plus cours. R.E.AL n’est ni parfait, ni bon marché, mais il a atteint le statut « d’outil de travail », ce qui devrait suffire à faire oublier son coût et ses contraintes. Alors, ALLONS-Y ! Souscrivons en masse les abonnements « nouvelle norme » (la musique adoucit les mœurs), demandons cartes et boîtiers, mettons nous à niveau pour utiliser cet outil si longtemps attendu ! Nous y gagnerons en rapidité, en sécurité, en performance et, si les promesses sont tenues, R.E.AL. y trouvera la crédibilité qui lui a fait jusqu’à présent défaut. Mais « RALONS-Y » aussi ! Car ce n’est pas en flagornant, mais en transmettant vos remarques et critiques à vos délégués TIC et aux services clientèle de vos prestataires habituels (et de REAL.NOT) que vous ferez en sorte que R.E.A.L. nous fasse oublier ses défauts de jeunesse et nous rende les services que nous sommes en droit d’espérer de lui !

 

Racines du futur

Reste un souhait, peut-être illusoire, mais les évolutions récentes me laissent de l’espoir… Sur un intranet, nous sommes entre nous. Puisque nous sommes tous égaux en tant que confrères, l’avis de chacun, même le plus dur, même le plus maladroit, même le moins institutionnel, même le plus faux, devrait pouvoir être entendu, débattu, contesté. Ce n’est pas à l’Assemblée de Liaison (je ne crois pas à la représentation), mais à la défunte boîte de dialogue que je fais référence. Notre Conseil supérieur aura-t-il, à nouveau, le courage d’entendre (je ne dis pas d’écouter) la vérité qui sort de la bouche de ses « enfants » ? Prendra-t-il le risque de voir se briser quelques-unes de ses illusions ? Une chose est sûre : les bœufs rattrapent aujourd’hui la charrue. Pour les « initiés », je conclurai : voilà l’occasion de tracer le sillon qui recevra…les racines du futur (1) !

 

(1) « Les racines du futur » étaient le thème du 46e Congrès du Syndicat des Notaires (Beaune, 1999), présidé par Didier Mathy. Lors de ce congrès, volontairement plus « technique » que « syndical », Didier Mathy et son équipe de rapporteurs (Edmond Carcelle, Marc Chicha, Denis Béranger, Henri Bosvieux) avaient fait en sorte que les congressistes se familiarisent avec toutes les techniques considérées alors comme « futuristes » (internet, signature électronique, actes dématérialisés, crypto…).