Les travaux du dernier congrès national ont été loués à juste titre, mais ne versent-ils pas, dans les propositions finales, sur la pente de la « réglementomania ». Affreux barbarisme qui reflète, hélas, la tendance générale : légiférer, réglementer, à temps et à contre-temps…

 

Notre temps favorise, voire exige, une réactivité souvent valorisante à court terme. Revers de médaille, elle empêche aussi de prendre le recul et la réflexion nécessaires. Bien des lois « de circonstances » n’ont pas le temps d’entrer en vigueur, heureusement défaites sans être abrogées, faute de décret d’application. La machine juridique, en surchauffe permanente, n’arrive plus à suivre le rythme effréné pour cracher son contingent applicatoire. Au bout de la chaîne, dès l’amont de sa production d’acte, le notaire a vocation statutaire à expliquer, décortiquer, vulgariser la forêt opaque des lois, règlements, ordonnances et arrêtés dont il est submergé.

 

Intérêt du client

Relisant, avec un temps d’incubation et de maturation, les travaux du congrès sur le développement durable, je m’interroge : pourquoi nous y mettre aussi, « pousser à la roue », alors que nos réflexes professionnels devraient nous retenir d’en rajouter et d’accroître la confusion. C’est pourtant le résultat de cette somme de travail, de « phosphore » et d’imagination créatrice, aboutissant à des propositions, en soi, dignes de tous les éloges et méritant à l’évidence tous les « satisfecit » décernés. Pas question de sous-estimer l’importance indéniable de nos congrès, ni le savoir de nos dévoués confrères, éminents juristes et concepteurs de ces travaux. Mais, sans prétendre approcher un tel niveau, on peut humblement avancer que la sagesse et l’intérêt de nos clients (donc le nôtre) pourraient d’abord conduire à digérer correctement l’avalanche quotidienne des textes actuels, sans en proposer d’autres, fussent-ils meilleurs ! « En tout, l’excès nuit » Voltaire dixit. Dans le juridique, c’est carrément le trop plein. Halte au feu ! Pitié pour le lampiste penché sur son grimoire désormais « virtuel », informatique oblige !