Un réseau, pour quoi faire ? Faire du fric ? Faire du flic ? Faire du chic ? Non ! Mais, pour le client, oui ! Et si on institutionnalisait les réseaux notariaux ?
Le « réseau » est paradoxal : il s’entend positivement comme ’business », réussite, coopération et négativement comme « dépendance », homogénéisation, déshumanisation. Quid du notariat dans tout ça ? Le notaire est-il un homme de réseau ? Doit-il l’être ? Où se situe l’intérêt du client ?
Certes, dans la majorité des cas, nous sommes en mesure de répondre efficacement aux attentes juridiques de nos clients. Mais – il y a un mais- qui d’entre nous n’a jamais senti se dérober sous ses pieds le sol juridique notarial ?! Et c’est humain ! Difficile en effet d’être bon partout et tout le temps, d’autant que le notaire de 1804 n’est plus celui du XXIe siècle. Quant à la clientèle, elle est plus instruite, plus exigeante… et souvent plus procédurière.
3 solutions quand on ne sait pas
• 1ère solution : faire « Allo CRIDON, bobo ». Et attendre la solution…
• 2e solution : les « réseaux officieux ». Il s’agit essentiellement de contacts avec des confrères plus « pointus » dans un domaine. Une entraide existe donc… Cependant, on verra rarement un notaire dire à « son » client qu’il n’est pas compétent pour tel acte et le renvoyer à l’un de ses confrères. Le plus souvent, il se chargera de l’affaire et se fera aider. Mais ne vaut-il pas mieux un notaire conscient de ses limites qu’un notaire trop sûr de ses compétences ?
• 3e solution : la structuration en sociétés des offices de notaires. Elle permet surtout d’être plus performant. En effet, à l’intérieur de ces sociétés, il est assez fréquent de trouver des pôles de compétences avec des clercs spécialisés qui constituent un « backoffice » très efficace.
Et la spécialisation ?
De plus en plus de notaires développent une compétence plus affirmée. La spécialisation au sein des études est combinée au phénomène de « réseaux officiels » – non, ce n’est pas un gros mot !-. On peut d’ailleurs imaginer que la structure juridique du réseau notarial peut être associative. On peut également imaginer qu’elle fasse l’objet d’une intégration encore plus forte des études notariales avec des SCP ou SEL de plus grande importance… On entrerait alors dans une nouvelle forme de gouvernance de la profession avec de grandes sociétés de notaires. Enfin, pourquoi ne pas combiner ces deux formes ? Des études avec un plus grand nombre de collaborateurs et d’associés (phénomène qui s’accentue d’année en année) adhéreraient à tel ou tel réseau fédérateur qui aurait sa politique, sa philosophie notariale… et serait porteur d’une autre voix, d’une autre force pour l’institution notariale. Par ailleurs, la création de ces « grandes entités notariales » permettrait d’établir le contrepoids des grands cabinets d’avocats anglo-saxons mais aussi des organismes bancaires, d’expertise comptable ou bien de conseil en gestion de patrimoine qui inondent le marché du droit. N’est-ce pas à ce niveau-là aussi que se joue l’avenir du notariat ?