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J’ai fait un rêve…

Le notariat était devenu une légion romaine et les notaires en étaient les légionnaires. Notre chef nous semblait un général bien inspiré, connaissant bien sa mission. Il nous guidait, au gré de ses stratégies, dans les différents combats qu’il menait pour nous et avec nous.

 

Nous étions tous unis par le même lien à notre Général et nos rangs étaient les plus serrés du monde. Nous marchions d’un seul pas : aucun ne prenait de retard, aucun ne s’arrêtait en route. Aucun ne tentait d’aller plus vite non plus. Au combat, chacun de nous avait sa place, son rôle, ses missions et nous les remplissions tous sans discuter, avec bravoure et fierté. Les décisions prises dans le haut commandement nous plaisaient ou non selon les cas, mais aucun de nous ne se serait permis de les critiquer. Certes, il arrivait parfois qu’un légionnaire se rebelle et ose émettre une idée ou un avis, mais la cour martiale et la sanction de la décimation parvenaient très vite à mettre fin à ces contestations. Nous ne formions qu’une seule ligne ; aucune tête ne dépassait, ce que nous répétaient d’ailleurs souvent notre général et ses officiers. Aucune idée non plus, fût-elle excellente, ne s’exprimait, de peur d’encourir les foudres de notre chef et de son quartier général. Le silence régnait en maître dans notre légion jusqu’à finir par se poser la question si quelqu’un au milieu de tout ça était encore capable de penser autrement que par les affirmations de nos supérieurs. Mais vint un jour où notre Grand Général en Chef finit par se tromper. Une erreur de jugement, une stratégie inadaptée. Bref, rien que de très humain, une erreur… La loi du silence ayant pris un tel poids parmi nous, aucun n’osa sortir du rang et élever la voix pour tenter de faire remarquer au Général son erreur. Notre chef nous mena tous au combat en jurant de la victoire, la bataille fut un échec. Une fois la mort constatée de la plupart d’entre nous, le général prit conscience de sa faute. Il interrogea alors les survivants en leur demandant pourquoi les légionnaires qui l’avaient remarquée ne lui avaient pas fait part de l’erreur qu’il commettait.

Et je me suis réveillé…