Un inconnu me confiait récemment, sur les routes du Cap Nègre, que tout était relatif. Sa formule que feu Laurent Fignon n’aurait pas désavouée, était la suivante : « Plus que je pédale moins vite, moins que j’avance plus vite ! ». Cette pensée profonde suscita en moi un étrange trouble : la relativité s’appliquerait-elle au notariat ? À bien y réfléchir, il n’y a aucun doute…

 

Premier postulat : « Moins le bien vaut cher, plus je travaille tout en gagnant moins ».

Le maillage territorial constitue un excellent bouclier pour maintenir les « privilèges des notaires », même si nous sommes tous d’accord pour dire qu’ils n’en sont pas. Cet accord unanime est surtout brandi par ceux qui ne souffrent pas trop du maillage. En effet, le « notaire-isolé-rural » aura généralement du mal à libérer du temps pour participer activement aux organismes de la profession. Encore le ferait-il, il sera facile pour lesdits organismes de lui couper la langue en évitant soigneusement les sujets qui pourraient fâcher. C’est ainsi que j’ai appris avec terreur que certains d’entre nous avaient été réunis en commission pour discuter avec nos ministères de tutelle d’une éventuelle refonte du tarif… La liste des « heureux élus » ou « malheureux volontaires désignés d’office » n’a bien sûr pas été diffusée, mais je pense pouvoir m’autoriser à supposer qu’elle ne comporte pas le moindre TPO (1) !

 

Second postulat : « Plus je gagne… Moins je suis acharné à défendre la profession ».

Qui, à part un notaire de…

[complétez ici avec le nom de la ville qui vous sort le plus par les yeux] pourrait accepter toujours plus de « missions de service public », de cotisations à des organismes « que les autres professionnels nous envient » et de charges collectives « qui ont le mérite d’exister » ? Je ne reviendrai pas ici sur la gratuité de certaines prestations supposées « incluses dans la rémunération de l’acte », y compris lorsqu’il porte sur une parcelle évaluée 150 € et vendue par 19 personnes dont la moitié sous tutelle… Ni sur la magnifique affirmation de notre ex-garde des Sceaux selon laquelle l’agent immobilier peut se faire rémunérer pour l’établissement du compromis de vente, mais pas le notaire qui est rémunéré par l’acte de vente !

Comme me disait, il y a bien longtemps, un confrère : « Il faudrait que nos instances regardent comment se débrouillent les plus pauvres et s’en inspirent ». J’ajouterai : « le plus petit des notaires » devrait toujours être invité, aux frais de la profession et contre juste indemnité, aux réunions concernant le tarif des notaires pour y apporter une vision alternative et éviter que la réforme suivante ne se traduise, comme les deux dernières, par une perte évidente de rémunération, nettement plus sensible pour les petites études.

 

Troisième postulat : « Moins je parle, moins on a de chances de m’entendre ».

On peut se demander si, en raison des deux premiers postulats, les affirmations de « La » profession ne sont pas surtout celles de quelques-uns qui s’arrogent le droit de parler en son nom. Suffrage universel mis à part, le notariat est un reflet en réduction de la République. Il y a un « notariat d’en haut » et un « notariat d’en bas », la Cour du Roy et la Cour des Miracles diraient même certains…

Pourtant, même un tout petit office (TPO) laisse à qui le veut assez de temps pour s’impliquer !

Pourtant, à condition de faire quelques efforts, la voix des plus petits peut se faire entendre, et, miraculeusement parfois être écoutée…

Pourtant, il n’y a aucune fatalité notariale, tout n’est que choix et priorités…

Eh, les TPO ! Pourquoi ne vous entend-on jamais ? Allez-vous continuer à laisser les autres décider à votre place ? Rappelez-vous : isolés, nous sommes peu de chose… mais, ensemble, nous pouvons constituer, si nous le voulons et tout en préservant notre sacro-sainte indépendance, le plus gros des réseaux mono-professionnels !