Il arrive aux journalistes (1), parmi quelques outrances et bien des raccourcis réducteurs, de lever quelques lièvres. En voici un bien fourré, gros et gras, qui a su prospérer avec ses 2 milliards d’euros retenus par les assureurs-vie. Sans autre motif que celui, fallacieux, de la non-réclamation ! La cause ? Le barrage parfaitement étanche, opération bien organisée, opaque et systématique, à toute demande de renseignement provenant de tous professionnels, à commencer par ces “empêcheurs de tourner en rond : les notaires”.

 

Voilà un bon et gros lièvre qui a couru trop longtemps à l’abri de nos omertas ! Pourquoi un tel silence, alors qu’il nuit d’abord aux “petits” ? Gageons que les grosses souscriptions ont su se protéger de telles mésaventures. Quel notaire n’a-t-il pas pesté contre de telles pratiques ? Pourquoi diantre ne pas l’avoir dénoncé plus tôt, haut et fort ? Une fois de plus, d’autres sont montés au créneau, damant notre pion sur notre marché successoral, celui qui consiste à protéger le souhait posthume de nos clients et de leurs bénéficiaires, à commencer par les plus faibles auprès desquels nos services devraient être prioritaires. Belle occasion perdue de redorer notre blason auprès des associations de consommateurs les plus objectives – il y en a – qui ne demanderaient pas mieux que de soutenir notre action. Pas de vague, gérons le silence pour éviter le reproche récurrent, autant que redouté, du “corporatisme”. Saurons-nous jamais le surmonter ?

 

Stratégie globale

En attendant, peut-être pourrions-nous :

• mettre en place quelques actions simples à l’interne : notre fichier n’est-il pas destiné à accueillir toutes les dernières volontés ? La clause bénéficiaire n’en fait-elle pas partie ? Et ne pourrait-on préconiser le recours systématique au testament, auquel peut renvoyer cette fameuse, mais par trop négligée, clause bénéficiaire ?

• agir à l’extérieur, tout en évitant de rallumer les braises mal éteintes d’une guerre avec les assureurs, dont les résultats nous furent défavorables pour cause de médias partiaux et/ou mal informés ;

• définir une stratégie ;

• nous assurer de l’attitude des consommateurs sur un cahier des charges multilatéral, préparé dans la transparence ;

• tenter un accord avec les assureurs ;

• monter au créneau médiatique. Certains savent faire, servons-nous de leur talent au lieu de les mettre sous le boisseau !

• faire appliquer, jusqu’en Cour de cassation par exemple, la dernière loi sur ce sujet précis ;

• approcher les politiques pour affiner par décret cette loi nouvelle qui nécessite quelques précisions pratico-pratiques.

Nous avons quelques hauts juristes tout à fait capables de plancher ! Pourquoi pas dans La Semaine Juridique ?

 

Service

Pour déconnecter cette suspicion détestable du “corporatisme” qui marche à tous les coups, ne serait-il pas bien venu de mettre en avant l’intérêt général du souscripteur, du bénéficiaire, à fortiori s’il s’agit des plus faibles ? Allant plus loin, ne faudrait-il pas nous préoccuper de revoir nos facturations, tant il est vrai que la course aux honoraires nous est reprochée. À tort souvent, à raison parfois, mais qu’importe, voilà un problème d’objectif stratégique global à envisager sous tous ses angles. Certes… “Jacques a dit…et le grand y’a qu’à aussi”. Cependant, si le CSN ne peut pas tout faire tout le temps tout seul, nous ne manquons pas de commissions et autres instituts, parfaitement compétents et motivés, pourvu que l’impulsion d’en haut soit donnée en amont et que la décision d’application suive en aval. Notre INP, ajouté d’un F final, qui s’est vu retirer la formation (elle donna quelques résultats pourtant), devrait dégager du temps et de l’argent pour cet important challenge. Priorité au service ! Alors, serons-nous écoutés.

 

(1) Europe 1, vers 7h 30, lundi 6 mars 2006. Enquête sur les assurances-vie non réclamées, avec interview du président de l’association des bénéficiaires évincés.