Nos collaborateurs sont à la peine. La réduction d’activité, parfois drastique, rend leur emploi vulnérable alors même que leur charge de travail est bien loin de faiblir. Le formalisme continue à les suralimenter tandis que leur nombre décroit. Dans cette morosité ambiante, la CRPCEN à laquelle ils sont bien légitimement attachés, s’enlise dans un équilibre dont l’instabilité menace de se rompre. Sombre tableau qui ne peut que charger la barque de nos soucis…
La Basoche, syndicat FO majoritaire, a consulté “sa base”, invitant par fax et via internet, les clercs et employés de notaire à s’exprimer “sur les solutions et les moyens d’action pour sauver la CRPCEN”. Les résultats des premières réponses (fax info n° 40) méritent attention : • la baisse des prestations est massivement rejetée par 91 % (sachant que 6 % y sont peu favorables et un peu moins de 2 % se disent pour) ; • la hausse des cotisations est fort lucidement envisagée par 34 % ; • la confiance aux notaires pour défendre la Caisse est exclue par 72 % et mise en doute par 24 % ; • le soutien aux notaires sur le rapport Darrois n’est envisagé que par 36 % ; • la grève remporte l’adhésion de 69 % ; • une manifestation nationale à Paris est jugée opportune par 78 % (74 % y participeraient) ; • enfin, près de 85 % sont prêts à saisir leur Député et leur Sénateur pour relayer leurs préoccupations et dire qu’il n’y a pas que le rapport Darrois… Cet ensemble, somme toute cohérent, a pour seul bémol qu’on ignore le rapport entre le nombre de consultés et celui des réponses (seules les 1 000 premières ont été pour l’instant analysées). La crédibilité de l’enquête en dépend bien évidemment. De son côté, le syndicat CFDT surenchérit, ce qui est de bonne guerre. Nous aurions tort toutefois de tenir pour anodine la position de nos collaborateurs. Tous veulent sauver leur caisse qui est aussi la nôtre avant d’exercer en qualité de salarié puis de retraité.
Des besoins réciproques
La préoccupation majeure de nos collaborateurs est le sort de la Caisse. Ils sont prêts à payer davantage eux-mêmes, ne comptent pas sur l’appui des patrons et, logiquement, ne sont pas chauds pour les soutenir. S’ils se disent prêts à manifester, y compris par la grève, ils entendent bien différencier les priorités : d’abord sauver et pérenniser la caisse ! Faut-il ignorer cette réalité ou y réagir ?
Il est vrai que la tentation du désintérêt existe. Elle est d’autant plus forte que l’office est plus important. Le notaire est nécessairement plus attentif aux collaborateurs qu’il côtoie et avec lesquels il travaille quotidiennement. Il reste que l’ignorance, plus ou moins désinvolte du problème, serait dangereuse pour la profession. Ce serait oublier que le notaire ne peut se développer, ni même vivre avec ses seuls 8 000 et quelque individualités ! Parallèlement, nos collaborateurs et leur caisse ne pourront survivre que si la profession est en mesure de poursuivre sa route. Les besoins sont donc parfaitement réciproques et même complémentaires, voire interdépendants. C’est perdre de vue ce banal bon sens que de prétendre sauver la CRPCEN sans se préoccuper de l’avenir du notariat, lequel ne saurait exister qu’avec son personnel. Un minimum de réalisme et de sagesse exigerait bien sûr, de se soutenir les uns les autres, sans quoi le risque devient mortifère de part et d’autre. Que certains parmi nos employés nourrissent quelques griefs à l’égard de leur patron, voilà qui est aussi vieux que le monde ! Encore ne faudrait-il pas généraliser car s’il y a de mauvais patrons, ils ne sont sans doute pas plus majoritaires que les mauvais salariés. Les deux existent, nous le savons, mais est-ce en cultivant ce terreau rancunier et stérile qu’on augmentera nos chances réciproques de mener la barque à bon port ?
Tous à Paris en janvier
Nous tenons pour acquis que le rôle d’un syndicat est de soutenir l’intérêt catégoriel, mais quand le vent souffle fort, faut-il aussi souffler sur les braises au risque de tout perdre ? La fulmination patronale serait sans doute aussi pernicieuse que sa volontaire ignorance. Si nous ne parvenons pas à pérenniser la caisse, nous aurons le plus grand mal à conjurer nos périls. C’est de toutes nos forces que nous devons soutenir nos collaborateurs jusqu’au plus haut niveau. Accepter une augmentation substantielle de notre participation semble inévitable car, de toute façon, s’il n’y a plus de CRPCEN, cette augmentation sera acquise et obligatoire, fondue dans le grand ensemble des salariés. Alors n’est-ce pas une politique de courte vue que de faire un blocage sur ce point au risque de se priver de l’appui de nos collaborateurs dans les circonstances actuelles ? Notre intérêt est de toute évidence commun et bilatéral. Si nous devons manifester le 28 janvier à Paris, en joignant nos voix, nous assurons notre visibilité, donc notre crédibilité, la seule qui compte pour le pouvoir. Prétendre nous sauver les uns sans les autres serait une grave erreur, lourde de conséquences. Se retrouver tous ensemble à Paris est possible si nous savons le préparer. C’est évidemment souhaitable si nous voulons être efficaces ! La cerise sur le gâteau serait la consolidation de nos relations internes, qui sont d’ailleurs globalement bonnes. Toute action commune engendre cohésion, compréhension et entente, toutes trois bénéfiques à notre belle profession.