Stoppez-là gardes du corps, procureurs, tueurs à gage, instances ! A l’heure où certains confondent « humour » et « menace de mort », il ne faudrait pas en plus confondre « opinion » et « appel au meurtre »… Non, non, non, nous n’en voulons pas à la personne de Christiane Taubira ! Il s’agit juste de se demander si la fonction de garde des sceaux sert toujours à quelque chose et peu importe la personne.

Se poser cette question est presque pire qu’une menace de mort : une menace ne concerne qu’une personne, tandis qu’émettre l’hypothèse d’une perte d’un de ses piliers par la République, c’est faire offense au Peuple tout entier !

Garder les sceaux, c’est avoir dans son bureau la presse qui permet de fabriquer l’image de l’État apposée sur tous les actes qui procèdent de son Pouvoir. La presse se trouve donc dans le bureau de Christiane Taubira et c’est celle qui a servi à sceller l’original de la Constitution de la Vème République. Et chacun de nous, notaires, de même que nos cousins huissiers, scellons pareillement les pièces qui servent à requérir la force publique. C’est-à-dire la force déployée par notre État dont le nom est République et le prénom Cinquième.

Depuis 1848 en France, l’image de la République, c’est une femme assise devant une urne portant la mention SU. Regardez vos panonceaux, que diable ! La femme assise, c’est le symbole de la liberté. La mention SU c’est le Suffrage Universel. Mais où est la liberté lorsqu’on sanctionne un détenteur du sceau qui le défendait avec humour et qu’on ment pour étouffer la vie de 60 000 personnes ? Où est le suffrage universel quand on panique sur le sort d’un projet de loi au point d’utiliser l’article 49-3 ? La symbolique du sceau est perdue et bien perdue au sommet de l’État. Femme assise, tu parles… Elle est couchée dans le caniveau oui. Suffrage universel, mon œil ! Essaye un coup pour voir !

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Au sommet c’est clair. Et à la base ? Notre sceau veut-il encore dire quelque chose ? Si la source est tarie, comment nourrir la multitude des officiers ministériels ? Le cordon ombilical entre la presse qui scelle la norme supérieure et l’image que nous apposons à la suite de nos actes et exploits, n’est-il pas coupé ? Il est vrai que la destinée d’un cordon ombilical est d’être sectionné lorsque l’enfant est expulsé du corps qui l’a porté. Et c’est si vrai ? Le Notariat, l’enfant de la Justice, est proche de l’expulsion. Notre mère, la ministre de la Justice, ne nous nourrit plus de ses paroles ni de sa présence. Sa Chancellerie n’est plus à même de valider les dossiers de cession. La nourriture des détenteurs de sceaux, on va bientôt devoir la quémander auprès de l’Autorité de la concurrence, une nourrice sans mamelle, une marâtre sans amour. Alors le boucher de Bercy peut sortir son grand coutelas mal aiguisé !! Il faut sauver l’enfant coûte que coûte, comprenez-vous… Sauvez la mère ? À quoi bon, elle est à bout de force ; la médecine d’aujourd’hui ne peut plus grand-chose lorsque la fertilité est perdue.

Le symbole est brisé, le cordon est rompu. À quoi bon s’encombrer d’une presse à sceaux ? Doit-on toujours missionner un gardien pour un objet sans valeur ? Christiane Taubira restera comme ayant été le garde du dernier sceau public. C’est désormais une autre presse qui compte…

Alors, notaires, huissiers, que ferons-nous de nos reliques ? 

C’est ça la question qui tue !