La Loi Macron a bouleversé le fonctionnement de nombreuses études. Notariat 2000 a voulu savoir quelles étaient ses répercussions sur le terrain. Interview express de Thierry Debon, notaire à Jargeau (Loiret)
N2000 : Avez-vous modifié le fonctionnement de votre étude et mis en place des mesures concrètes ?
Me Debon : La Loi Macron est encore récente ; nous manquons de recul pour mettre en place des mesures efficaces et juger de leur pertinence. Son application a toutefois généré une remise en cause d’un certain nombre de (nos) « procédures ». Elle nous oblige à avoir une démarche « plus commerciale », à déterminer nos coûts de production (comme le font toutes les entreprises), mais aussi à être plus imaginatifs. A titre personnel, cela nous a conduit, par exemple, à créer un service immobilier complet englobant à la fois la gestion locative, l’expertise et bien sûr la négociation immobilière notariale.
La réforme du tarif a-t-elle eu un impact sur votre pratique de la négociation immobilière ?
Cela fait 25 ans que nous pratiquons cette activité dans l’étude, au grand dam de certaines agences. Mais, aujourd’hui, la réforme du tarif nous met en concurrence directe avec elles. Cela nous a forcé à bouger les lignes et à faire des choix. Nous avons, par exemple, revu notre grille tarifaire en nous calant sur celles des agents immobiliers du coin pour être plus compétitifs. Nous avons nos points forts, à commencer par l’éthique. Nous connaissons très bien notre secteur, nos produits, nos clients. Nous sommes des « agents » de proximité. En revanche, nous n’avons pas de groupement de négociation dans le Loiret. Nous le déplorons car travailler en réseau est essentiel pour convaincre les vendeurs de notre professionnalisme. Les réseaux nationaux, tout aussi efficaces soient-ils, ne suffisent pas. Ils méritent toutefois d’être soutenus car ils mettent en avant la force et l’unité d’une profession. Ils contribuent à véhiculer une image positive du Notariat.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Assez sereinement. Certes, nous sommes désormais soumis à une réglementation qui nous plonge dans un monde de plus en plus concurrentiel, mais elle nous offre aussi l’opportunité d’inventer de nouvelles pratiques. Le notariat de demain sera probablement plus structuré. Nous conserverons l’image du notaire traditionnel, mais nous aurons des plates-formes techniques partagées entre plusieurs études, ce qui renforcera notre efficacité. Cette mutation a déjà commencé. Beaucoup d’entre nous pensent au « regroupement d’études » ou envisagent de rejoindre une société pluri-professionnelle. Nous avons les outils pour devenir de véritables entreprises notariales. Il nous appartient maintenant de saisir notre chance…
Propos recueillis par Valérie Ayala