« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la Finance » proclamait Hollande en 2012. Après bien des désillusions et grâce à l’Europe, il semble qu’une bataille importante soit en mesure d’être gagnée contre ce monde gouverné par les banques.
Tout comme Barak Obama lorsqu’il prit la présidence des États-Unis, c’est, en effet, à un adversaire particulièrement puissant et multiple auquel voulait s’attaquer notre Président avant son investiture. La Finance, c’est une espèce d’immense pieuvre dont les tentacules pénètrent dans tous les rouages de l’économie et de la politique…
L’un des grands enjeux de la bataille actuelle est d’obliger les banques « too big, too fall« , trop grosses et donc susceptibles d’engager l’État en cas de faillite, à séparer dans une filiale leurs activités les plus risquées.
C’est ce mélange des genres entre activités traditionnelles de détail (c’est-à-dire de collecte des dépôts et d’octroi de crédits) et leurs activités spéculatives sur les marchés qui est à l’origine de la crise financière. Nous en supportons depuis 2008 les effets dévastateurs.
Le conflit repose sur la dernière réforme bancaire proposée par Michel Barnier en janvier 2014, alors qu’il était Commissaire européen aux services financiers (il a obtenu ce poste en 2010 grâce au soutien de Nicolas Sarkozy).
Les établissements les plus touchés par cette réforme, parce qu’ils sont trop gros, seraient la BNP, le Crédit Lyonnais, la Société Générale et la Deutchbank. D’où la violence des propos du gouverneur de la Banque de France qualifiant Michel Barnier d’irresponsable (Lire aussi Décervellage et pompe à phynance). D’ailleurs, dans un premier temps, le lobby bancaire est parvenu à éliminer notre élu de la course à la présidence de l’Europe permettant ainsi à Angela Merkel de placer son poulain, Jean-Claude Junker.
Le 19 juin, les banques françaises ont essuyé un premier revers, lorsque les ministres des Finances de l’Union Européenne se sont mis d’accord sur les détails du projet initial à soumettre au parlement européen. Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir mis en garde les eurodéputés sur la création d’un déséquilibre entre les grandes banques anglo-saxonnes et européennes, minimisant les mesures déjà prises dans ces pays pour la séparation de leurs activités bancaires.
En octobre, un accord informel a été trouvé entre les deux grands groupes politiques au Parlement européen, le PPE (droite) et les socialistes. Il prévoit dans ses grandes lignes d’instaurer une quasi-automaticité de la séparation des activités bancaires au-dessus d’un certain seuil. Cet accord doit être voté prochainement par la commission économique et monétaire du Parlement européen. Bien évidemment, en cas de victoire, il obligera nos grandes banques à se réformer et, peut-être, à perdre quelques rangs dans le classement international. Mais cela évitera que nous soyons obligés de les repêcher quand elles se fourvoient dans des placements trop risqués, comme ce fut le cas avec la Grèce.