Et voilà, ça commence ! Sur un blog bien connu, je relève la remarque suivante (n’étant pas abonnée au blog, je ne peux que la citer de mémoire) : « Si on enlève toutes les zones pourries, il ne reste que 700 places ». Et je sursaute : « zone pourrie » !?
On l’avait dit et répété : certains offices créés ne trouvaient pas preneur. Mais à l’époque, on ne nous avait pas crus ; on nous avait même répondu que nous n’avions pas tenu nos engagements. Tous responsables ! Bien sûr, le nombre de créations n’avait rien à voir avec le nombre de libres installations d’aujourd’hui. On pouvait donc légitimement penser qu’avec la parution de « la carte », les candidats à l’installation allaient être « très satisfaits ». Que nenni !
La nouvelle carte accorde la liberté d’installation dans 247 zones réparties dans la France entière, mais non, ça ne convient encore pas aux futurs notaires ! Ainsi donc il y aurait près de 1 000 installations potentielles dans des « zones pourries »… et seulement 700 possibilités acceptables !? Je rêve ! Mais, au fait, c’est quoi une « zone pourrie » ?
Raisonnons a contrario, et retenons (avec un peu de logique), les zones dans lesquelles il y a le plus d’installations de prévues.
- Paris : 159 notaires
- Lyon : 61
- Toulouse : 51
- Bordeaux : 42
- Nantes : 39
- Marseille : 35
- Rennes : 35
- Grenoble : 31
- Nice : 30
- Roissy : 29
- Saclay : 26
- Montpellier : 23
- Rouen : 23
- Toulon : 22
- Lille : 22
- Tours : 18
- Cannes : 18
- Genevois Français : 18
- Caen : 17
- Aix en Provence : 17
Soit un total de 706. J’en déduis donc que toutes les autres zones sont, selon les termes de son auteur, « pourries » ? C’est-à-dire totalement indignes de recevoir une seconde d’attention de la part d’un candidat à la libre installation…
Que les habitants des autres zones se rassurent ! Tant que « les notaires 1816 » assumeront le maillage territorial de la France profonde, le public sera assuré de trouver une oreille attentive à l’écoute de ses préoccupations. Mais quand le dernier d’entre eux aura atteint ses 70 ans, et échoué dans sa tentative à céder le droit de présentation de son étude « pourrie » (pourquoi acheter quand on peut créer librement ?), l’accès au droit ne sera plus assuré que dans les grandes métropoles. Et on reprochera encore aux « notaires 1816 » d’avoir opéré de sordides tractations afin d’empêcher l’installation de nouveaux notaires sur leur territoire…
Le désert juridique est en marche, à cause du mépris de gens comme ce Monsieur qui ne veut rien servir d’autre que son ambition. Et il est déjà trop tard…
Évelyne Adam-Beaume, notaire à Beaumes-de-Venise (84)
Il n’est jamais trop tard !
Les 1816 n’ont pas tous toujours été tellement à l’écoute, et les 2016 ne le seront donc parfois pas moins, mais il est vrai que ceux qui ont supplié les élus et hauts fonctionnaires de leur accorder enfin cette liberté d’installation avaient certainement, pour la plupart, un objectif très précis en tête.
S’installer librement et gratuitement dans une zone fortement rémunératrice et socialement prestigieuse plutôt que de s’ « enterrer » pour défendre le service public et le maillage territorial…
Cette réforme n’a pas été faite dans l’intérêt des citoyens, c’est une évidence, mais elle a surtout été très mal faite !
Plus que la liberté d’horodater et le tirage au sort, c’est la liberté de déplacer qui viendra accentuer la désertification…
Ces créations avaient pour objectif de mettre « la profession » (vous savez tous ce que je pense de notre représentation) en conformité avec « ses » engagements…Mais la suite (4.000 ?) et la révision du tarif (dans moins de deux ans) pourraient bien donner le coup de grâce à la « fonction ».
Du reste, vous noterez une lente dérive, on ne parle même plus de « profession » mais d’ « activité » de notaire, la « fonction » est niée au profit du « business everywhere »