Tout conflit est souvent précédé d’actions souterraines qui préparent dans l’ombre un terrain propice à l’action. Les tribulations qui viennent de nous agiter n’ont pas méconnu ces pérégrinations. En témoigne un article paru dans La Tribune sous le titre « Loi Macron, le jackpot pour Fiducial » (latribune.fr, 2 mars 2015).
L’article, fort documenté, est signé Denis Lafay. Le journaliste s’y interroge : « Le fondateur de Fiducial, Christian Latouche, a-t-il manœuvré en amont de la Loi Macron pour que son empire (expertise comptable, droit, informatique, sécurité, gestion…) arraisonne les professions du notariat, d’huissier ou d’administrateur judiciaire ? Des liens établis avec Arnaud Montebourg à l’incroyable participation d’une salariée « déguisée » à la Mission parlementaire chargée de « préparer » la loi, La Tribune révèle les raisons de le croire. Son organisation, très contestée, et son appétit de développement placent Fiducial en tête des gagnants de la libéralisation des professions juridiques réglementées« .
Proie notariale
Incontestablement, la proie notariale est en bonne position sur le puzzle stratégique de Fiducial qui développe ses tentacules sur les 600 milliards d’euros collectés par le notariat… sans omettre les 6,2 milliards (soit 1 %) de chiffre d’affaire. Fiducial agit masquée, respectant les règles déontologiques qui nous sont propres. Certains offices fragiles seraient approchés, processus facilité par l’ouverture capitalistique. Infiltration dont La Tribune donne un exemple significatif, cultivant le mélange des genre : le 13 novembre 2014, la députée PS Cécile Untermaier, membre de la commission des lois, réunit les membres de la mission d’information sur les professions juridiques réglementées. On est surpris d’y trouver Mme Sophie Poiroux au nom du « Collectif des diplômés notaires », inconnu, donc sans légitimité ni vérification ? Elle y affirme, sans en justifier, être diplômée notaire. A posteriori, on la découvre avocate au barreau des Hautes-Alpes, salariée de Fiducial-Sofiral. Tiens tiens…
Éléments troublants
S’il est difficile d’affirmer sans preuve, l’ensemble des éléments troublants énoncés dans La Tribune ne devrait-il pas inciter à la plus grande prudence dans tout ce qui relève de près ou de loin à Fiducial ou l’une de ses innombrables filiales ? Le risque semble avéré. Ne faudrait-il pas mettre en garde nos confrères avant que le piège ne se referme sur leur bonne foi abusée ? Il semblerait que certaines régions, notamment le Sud Ouest, soient déjà fortement investis « de l’intérieur » ? En ferraillant dans les méandres d’un tarif privilégiant les gros offices, nous avons négligé l’essence même justifiant notre existence, laissant émerger la banalisation de l’authenticité. Le tout orchestré dans l’ombre propice aux prestidigitateurs de génie. Sans crier gare, nous laissant « Gros-Jean comme devant ».
La reconquête, c’est maintenant !
Au-delà de nos tergiversations stériles, ne serait-il pas temps de jeter les forces qui nous restent dans la reconquête des activités mises sur pied dans le contrecoup du rapport Rueff Armand (ayant suivi le 1er gros sinistre, au début des années 60, du notaire de Six- Fours Les Plages) ? Expertise, négociation et gestion immobilières, gestion de patrimoine commandée par l’assurance-vie et son accès interdit, droit des affaires… il est temps de réactiver ces créneaux porteurs ! Certes, il est tard. Trop tard pour la rébellion, mais n’est-ce pas le moment de redéployer nos énergies et savoir-faire ? D’ailleurs, quelle autre carte nous reste-t-il ?
Jean-Claude Bigot
Trop tard ? Jamais !
Ce n’est pas parce que l’ « ennemi » est persuadé d’avoir gagné que nous devons renoncer à nous battre contre l’adversité.
Concernant FIDUCIAL, l’article de la Tribune date un peu (2015) et a fait en son temps l’objet d’une réponse circonstanciée de Monsieur LATOUCHE au Conseil Supérieur du Notariat, dans laquelle il déniait toute intention sournoise.
Reste que les réseaux sociaux sont à nouveau en émoi concernant les aides annoncées par FIDUCIAL aux primo-installants (les « bébés macron », comme disent certains, seraient-ils aidés, voire même appuyés comme les prémices de succursales Fiducial ?)
Mais il n’y a rien de pire que de désigner UN ennemi lorsque le nombre de vos ennemis potentiels (et plus particulièrement des « ennemis intérieurs » qui semblent bien avoir pris le contrôle de nos instances statutaires) est indéterminable…
En septembre et décembre 2014 on mobilisait le notariat entier pour voler « au secours de la rente », mais fort curieusement, il n’y a aucun appel à une mobilisation similaire pour voler « au secours du maillage »…
FIDUCIAL occupe tout l’horizon des complotistes notariaux, et GENAPI, beaucoup plus discret a grandement bénéficié des accusations de 2015 et pourtant…Le risque, pour être différent car moins direct, n’est pas nécessairement nul, les concernant…
Les fissures ont été soigneusement ménagées dans les digues, certains déclarent sans aucun état d’âme qu’ils ne sont pas là pour défendre des « intérêts sectoriels » et travaillent assidument à leurs propres intérêts sous le couvert de notre panonceau, en regrettant, du bout des lèvres, parce qu’il le faut bien, ce qui « arrive aux petites études rurales »…
Les larmes du crocodile coulent…Non, pardon du « crocodeal » car il n’est pas impossible que des accords aient déjà été passés…
Et puis on peut aussi se poser utilement une question : pourquoi le notariat a-t-il lamentablement raté la création d’une SSII maison (Mnemosyne) et serait maintenant capable d’offrir au grand public un outil « efficace et ludique » pour rédiger en ligne des baux d’habitation ?
Echec voulu ?
Il y a beaucoup de questions qui demeureront sans réponse, jusqu’à ce que l’évidence nous explose à la figure.
Concernant Mnémosyne, n’y a t il pas eu de (très)gros appétits au CSN (permaments et autres) pour « bouloter » tous les sous que l’institution mettait à disposition. Je me suis laissé dire que certains salaires étaient mirifiques, tout comme a été hasardeux le choix d’un « moteur » informatique