À lire l’enquête Bilan et Perspectives de Notariat 2000, le pire serait à craindre pour 2006 : mauvaise année, peu d’investissements, pas d’embauche… Mieux, si l’immobilier dégringole, la réduction de la masse salariale apparaît inévitable à une grande partie des sondés. Certains, abusant un peu du pessimisme, envisageraient même de changer de métier ! Alors que la presse titre de plus en plus sur « un nouveau krach », il est urgent d’échapper à la déprim’ et de trouver des motifs de satisfaction, notamment en matière de communication. Mais, là encore, est-il permis d’être véritablement optimiste ?
On le sait, la communication n’est pas le point fort de la profession et le notaire ne bénéficie pas d’une image satisfaisante auprès du public : pour beaucoup de nos concitoyens, l’office notarial n’est qu’un lieu de péage. Il faut pourtant se féliciter d’un certain nombre de récents progrès en la matière, qui doivent nous encourager à continuer dans la même voie. Pour cela, il est primordial de bien exploiter la diversité des formes et moyens de communication, permettant « d’établir une relation avec autrui », mais aussi « d’informer et de promouvoir son activité auprès du public, d’entretenir son image, par tout procédé médiatique ».
La communication officielle
Les récents efforts accomplis par les instances professionnelles sont tout à fait convaincants. Le « logo » Notaire ou Notaires de France, nettement plus dynamique que l’ancien, mérite d’être adopté par tous et partout (l’ancien reste trop présent !), le site internet notaires.fr ne connaît aucun retard graphique ou technique et la revue Conseils par des notaires adopte un ton juste et efficace. Enfin, bien qu’insuffisamment diffusé, le récent clip vidéo « Chaque jour est une vie » met en exergue, avec dynamisme et crédibilité, l’ensemble des matières maîtrisées par le notaire. Ainsi la communication officielle du notariat est de qualité. D’ailleurs, les autres professions réglementées ne disposent pas d’un tel arsenal…
Relation « étude & client »
De ce point de vue, la marge de progression est considérable et il semble nécessaire de travailler la relation clientèle. L’importance du bouche-à-oreille et du contact individuel ne fait aucun doute. Ce canal de communication est le plus difficile à exploiter si l’on considère la charge de travail des offices, mais c’est aussi le plus efficace. La DQN est sans doute un excellent moyen d’organiser le niveau « micro » de la communication. On peut cependant agir plus modestement : par exemple, la majorité des clients restant persuadée que le notaire empoche tout ce qu’il encaisse, il convient d’expliquer plus clairement la ventilation des « frais de notaire » ou, mieux, de remettre un document, tel la brochure « chez le notaire, qui paie quoi ? ».
Médias traditionnels
Qu’ils évoquent les succès ou les ratés de la profession, leur puissance est tout à fait remarquable. Espérons que les vœux de l’Assemblée de Liaison 2005, s’ils sont suivis, donneront plus de place aux succès et moins aux ratés ! La spécificité des médias traditionnels est de donner plus d’écho aux aventures malheureuses qu’aux réussites. Il est préférable de ne pas donner d’occasions d’alimenter certaines chroniques. Le travail des associations, favorables ou hostiles à la profession, constitue également, pour ce canal de communication, une source tout à fait privilégiée. La concurrence s’exerce décidément partout : on peut regretter que, depuis quelques mois, la presse spécialisée conseille à ses lecteurs, après la présentation de quelques préconisations de droit notarial traditionnel, de se tourner vers un notaire… ou un avocat. Faut-il rappeler au public les avantages qu’offre l’intervention de l’officier public et ministériel ?
Normes elles-mêmes
C’est un paradoxe, mais le notariat souffre, notamment, du droit notarial ! Souvent jugé beaucoup trop complexe par les clients, il les éloignerait des offices. Certains prospects iraient volontiers voir un notaire mais appréhendent ce qu’il va bien pouvoir leur raconter ! De ce point de vue, les efforts du législateur, que l’on accuse de produire des textes illisibles, peuvent paraître intéressants. Par exemple, la loi devrait bientôt substituer aux termes de donations en avancement d’hoirie ou par préciput ceux de donations en avance sur part successorale ou hors part successorale. Certains stigmatisent un appauvrissement du vocabulaire juridique, mais le vocabulaire ne sert-il pas à communiquer ? Et communiquer n’est-ce pas, surtout, « être compris » ?
Le notaire n’est ni fashion, ni hype, ce n’est ni nouveau, ni regrettable puisqu’il doit avant tout garder l’image d’un professionnel sérieux, honnête et ouvert. Pour autant, celui qui se vante de préparer, de sécuriser et d’organiser l’avenir se doit pour le moins d’avoir une image plus actuelle et ne perdra rien à renforcer et rajeunir sa communication. Aucune piste n’est à négliger… Le notariat ne mérite pas son déficit d’image !