Le pouvoir et l’argent aboutissent souvent à des décisions mégalomaniaques qui n’ont rien à voir avec les sages préceptes de gestion de fortune enseignés par les professeurs d’économie. Elles peuvent même se traduire par des faillites retentissantes…

 

Le 4 janvier 2010, le “Burj Khalifa”, plus haut gratte-ciel du monde a été inauguré à Dubaï. D’une hauteur de 828 m, il comporte 162 étages habitables et 1 000 appartements. Le cheikh Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, souverain de ce petit pays de 3 900 km2, un des sept Etats des Émirats Arabes Unis (EAU), a pour ambition de faire de sa région le premier centre touristique de la planète ! Malheureusement pour lui, si son port est aujourd’hui au 4ème rang pour le transport de containers, cet émirat n’a que peu de ressources pétrolières et vient d’être sauvé de la faillite par son riche voisin, l’émirat d’Abou Dhabi. Ce revers aurait pu lui être évité s’il avait eu connaissance de la corrélation existant entre la construction des tours géantes et l’éclatement des bulles financières. Car, depuis 1907 où l’achèvement des deux plus hautes tours de Manhattan fut accompagné par la chute de moitié des valeurs de Wall Street, jusqu’à l’arrêt du chantier de la Russian Tower (609 m) à Moscou en novembre 2008 en pleine crise des subprimes, il semble que la réalisation de ces projets pharaoniques s’accompagnent trop fréquemment d’une crise financière. La prochaine en vue devrait ainsi se situer autour de 2014, lorsque les chinois inaugureront la tour de Shanghai qui culminera à 632 m.

À un moindre degré, lorsque la folie des grandeurs s’empare aussi des chefs d’entreprise, les conséquences apparaissent souvent préjudiciables à la valeur des sociétés qu’ils dirigent. Deux chercheurs américains ont comparé la taille des maisons des grands patrons américains et les performances boursières de leurs sociétés (1). Ils ont réussi à localiser la résidence principale de 488 des 500 patrons de sociétés composant l’indice américain SP500. Très scientifiquement, ils ont conclu que plus la maison était grande, moins la valeur de l’action augmentait rapidement. L’exemple le plus célèbre est celui de Bill Gates, fondateur de Microsoft, plus grosse fortune mondiale avec 56 milliards de dollars. À la fin des années 90, il a emménagé dans une demeure futuriste de 4 600 m2. Depuis cette époque l’action Microsoft se traîne.

Ainsi faut-il se méfier des idées extraordinaires qui naissent parfois dans le cerveau de nos dirigeants, qu’ils gouvernent notre pays ou plus simplement l’entreprise ou même l’institution dont nous dépendons. Lorsqu’il n’y a pas de contre pouvoir suffisamment organisé pour contester des décisions plus mégalomanes que rationnelles, on peut craindre les pires catastrophes sur le plan financier…

 

Tendance concernant l’activité

N.B. Les prévisions des négociateurs faites en octobre pour cette fin d’année (courbe verte) se sont largement réalisées puisque pour la première fois depuis plus de deux ans la reprise d’activité a été constatée par une majorité d’entre eux (courbe bleue). Pour début 2010, les prévisions sont légèrement en retrait.

Quel changement en une année ! Fin 2008, 83 % des négociateurs avaient observé une chute d’activité dans leurs services. Fin 2009, ils ne sont plus que 28 % à faire ce même constat alors que 33 % notent leur amélioration et 39 % se félicitent du maintien de la tendance actuelle. Prudent, le négociateur de Me Corlay dans le Finistère observe simplement “Des frémissements de reprises, mais pas encore d’euphorie. Mieux, mais peut mieux faire”. Dans leur dernier communiqué, les notaires parisiens demeurent résolument optimistes. Ils estiment que, pour l’Ile de France, le nombre de ventes enregistrées cette année devrait être proche de celui réalisé en 2008 (environ 170 000). En Province, où se concentre notre panel, l’activité des services négociations qui s’évalue au nombre des compromis signés, devrait connaître un léger repli pour les deux mois à venir (courbe verte de notre graphique), même si les perspectives demeurent globalement positives.

 

Tendance concernant les prix

N.B. Depuis le dernier été, les opinions semblent se stabiliser sur une poursuite très modérée de la baisse des prix, légèrement plus accentuée au niveau des logements et les commerces que pour les terrains.

Difficile, semble t-il, de se faire une opinion précise sur l’évolution du prix des logements dans les prochains mois. Malgré une tendance plutôt favorable durant le dernier trimestre 2009, nombreux sont ceux qui comme Me Becu à Arras, “ne pensent pas que la ‘crise’ soit terminée”. Pour le moment, “après la baisse de 2009, les prix stagnent” précise le négociateur de l’étude de Mes Pinteaux et Mauclaire. Cette hypothèse de stabilité des prix est partagée par 58 % des participants à notre panel. Mais chez Mes Prouvost et Delattre (Roubaix), on préfère évoquer un rapprochement avec l’évolution en W de l’activité boursière. En revanche, le nombre d’annonces immobilières et leur consultation s’intensifie sur tous les sites immobiliers et tout particulièrement sur immonot. La fréquentation du site et son volume d’annonces ont augmenté de 35 % au cours du dernier trimestre 2009 par rapport à l’an passé. On peut en déduire notamment que les vendeurs sont satisfaits des prix actuels (à moins qu’ils ne craignent une reprise de la baisse) et que les acheteurs sont de plus en plus intéressés par leurs offres. La reprise des ventes de terrain à bâtir semble aussi se préciser, notamment auprès des primo-accédants. Suivant une récente étude du Ministère du Développement Durable (2), le prix des terrains n’a augmenté que de 2,9 % en 2008 contre 8,9 % en 2007. En moyenne, le prix de l’investissement total (terrain + maison) a très peu évolué. Il s’élevait à 200 850 euros l’an passé…

 

Le conseil des notaires

Peu d’évolution depuis l’automne dernier au niveau des logements. La reprise du marché et une tendance incertaine au niveau des prix amènent les notaires dans leur grande majorité (75%) à conseiller de vendre avant d’acheter. On observe cependant que la proportion de ceux qui croient à une augmentation des prix et donc conseillent l’achat en premier a légèrement diminué, passant de 24% à 22%. Pour les terrains à bâtir, cette dernière proportion passe de 34% à 42% dénotant une confiance de plus en plus générale en une augmentation des prix sur ce segment de marché.

 

Évolution de l’environnement économique

À la Bourse de Paris, l’année 2009 s’est terminée par un bouquet d’artifices. Le CAC 40 a frisé la barre des 4 000 alors qu’il ne s’élevait qu’à 2 465 le 9 mars, soit un bond de plus de 60 % en 10 mois. Grâce aux mesures de soutien du gouvernement, deux secteurs ont particulièrement bénéficié de cette envolée des cours : le secteur automobile (les actions Peugeot et Renault ont doublé leurs cours) et le secteur financier. Les perspectives pour 2010 paraissent cependant assez aléatoires compte tenu des incertitudes qui pèsent sur les taux et la sortie des plans de relance. Mais l’once d’or, lui, n’a pas cessé de monter depuis 2005 évoluant, encore ces jours derniers, à des sommets historiques voisinant 1100 dollars à la bourse de New York.

 

1 – Cf. article d’Eric Leser, Le Monde du 18/04/2007. 2 – Commissariat général au Développement, août 2009, “Le prix des terrains à bâtir”.

NDLR : Cette tendance a été rédigée le 5 janvier 2010, elle s’appuie sur les mois de novembre-décembre 2009.