« Il faut faire confiance et libérer la parole »
« Libérer la parole »… c’est l’objectif que s’était fixé, en 2011, Alain Gautron, notaire à Saint-Malo, rapporteur général de la 62e Assemblée de Liaison (1). Près de 3 ans plus tard, nous lui avons demandé s’il avait le sentiment que les lignes avaient bougé en matière de communication. Réponse en 5 points.
Notariat 2000 : Parmi les propositions votées lors de l’A.L. 2011, quelles sont celles qui ont abouti ?
Alain Gautron : Plusieurs réalisations majeures ont pu être mises en place dans la foulée de nos travaux. Je pense notamment à la Charte de la communication, qui a pris la forme, dans un premier temps, d’un vade-mecum, mais qui devrait à terme être intégrée dans le règlement national. Je pense aux « Guides de la communication » à l’usage des notaires et à l’usage des instances professionnelles. Nous avons également contribué au guide des médias sociaux à l’usage des notaires, des offices et des instances rappelant toutes les règles de bon usage. De même, les confrères peuvent désormais communiquer dans les médias, sous réserve du contrôle, a posteriori, de la Chambre. Le message affiche clairement une volonté de faire confiance et libérer la parole. Enfin, le baromètre de satisfaction clients vient d’être lancé !
Notariat 2000 : Peut-on espérer voir prochainement la concrétisation d’autres propositions ?
Alain Gautron : Sans aucun doute ! Avec PNF, beaucoup de projets avancent. Je relève, entre autres et pour bientôt, la formation à la communication en début de mandat (naguère volontaire, désormais obligatoire) pour les représentants des instances ainsi que pour les délégués départementaux et régionaux à la communication. Ce n’est pas encore sorti (et c’est dommage), mais l’idée a été distillée de réaliser des campagnes nationales de portraits de notaires avec des coups de projecteur sur leurs activités professionnelles, voire extra-professionnelles dignes d’intérêt médiatique. Pourquoi pas, par exemple, un notaire « des champs » avec sa bergerie et ses moutons ou un sportif ? De même, l’accent doit continuer à être mis sur l’international. Le CSN et certaines Chambres communiquent déjà au moyen de vidéos sur les actions du notariat français en Asie ou en Afrique, avec la problématique du titrement. Mais on attend encore la grande association, type « notaires pour les autres », qui donnerait une image à cette communication…
Notariat 2000 : L’e-communication n’est-elle pas, selon vous, la soupape qui permet aux notaires de se libérer des interdits du règlement national ?
Alain Gautron : Les sites internet des offices participent, largement, à la libération de la communication. C’est une belle vitrine ! Il y a un paradoxe à voir la même démarche interdite dans un journal alors qu’elle est permise sur un site internet. Sans pour autant envisager d’uniformiser cette forme de communication, il y a nécessité de la normaliser, avec des outils modernes. Il faut tenter de trouver la juste mesure. Car, il y aura toujours le dilemme officier public/professionnel libéral.
Notariat 2000 : N’est-il pas nécessaire d’avancer dans la communication pour mieux faire connaître les activités dites « hors monopole » et permettre aux notaires de lutter à armes égales face à la concurrence ?
Alain Gautron : On pourrait le souhaiter, mais nous sommes obligés de prendre le chemin inverse pour ne pas tomber dans le piège de la publicité. N’oublions pas que nous avons gardé notre statut « dérogatoire » de profession réglementée, reconnu par l’Europe, à cette condition. Certes, il faut continuer à développer les activités hors monopole, mais en la matière, la communication ne peut être que collective. Sinon, nous risquerions de tout perdre. La différence et la qualité sont notre meilleure publicité.
Notariat 2000 : L’image globale des notaires reste encore à parfaire et le consommateur du droit n’aime bien que « son » notaire. La communication institutionnelle a-t-elle bien joué son rôle selon vous ?
Alain Gautron : Il sera toujours associé au notaire l’image de Balzac. Ça ne sert à rien de vouloir dépoussiérer, c’est culturel. Donc, arrêtons avec la culpabilité sur l’image ! Ç’a été la force de la campagne « Justin Conseil » qui a eu un grand succès sur le net. Certes, la communication institutionnelle est loin d’être parfaite. Il faudrait imaginer des campagnes toujours plus pertinentes, plus en adéquation avec l’actualité, sur le mariage pour tous par exemple, sans attendre 10 ans comme on a fait avec le pacs. Nous devons coller à notre époque, si nous voulons être modernes. Il faut faire réagir, avec un zeste d’impertinence et une note de fantaisie. Le public nous sera toujours reconnaissant de ne pas l’ennuyer.
1 – Notariat 2000 – Juin-Juillet 2011 N° 521