Tous les moyens sont-ils bons pour faire la pub’ d’une profession ? Les avocats semblent répondre par l’affirmative, car c’est pour eux un moyen de mieux servir leurs intérêts. Et chez nous, la défense de notre monopole doit-elle passer par la pub ou est-ce notre capacité à être exemplaires dans la qualité de notre service qui doit marquer notre différence ? Petite réflexion iconoclaste à la lumière des événements des derniers jours.

Je ne dois pas être le seul à penser cela en lisant la presse ou en écoutant la radio ces jours derniers. Si seulement les journaux voulaient bien révéler une bonne histoire, bien trouble, sur un notaire ! Par exemple, la perquisition d’une étude de fond en comble pour trouver le document compromettant qu’un ancien président de la République aurait eu l’idée de confier à son notaire. Ou bien, la mise sur écoute d’un confrère à la tête d’une très grosse étude parisienne, une pointure comme on dit, et de son client, une vedette internationale, parce que ce dernier serait soupçonné de prendre des dispositions patrimoniales afin de faire passer l’essentiel de sa fortune en dehors de la France, en Belgique ou en Suisse. Ou encore, le flagrant délit d’une équipe de malfrats en train de cambrioler le coffre-fort d’un notaire dans lequel il s’avérerait qu’il se trouve des documents de la plus haute importance tel que le testament politique du général de Gaulle à n’ouvrir que dans un demi-siècle… On peut tout imaginer !

Quels seraient les avantages pour le notariat de cette publicité ?
1. La publicité du notariat serait faite à moindre coût et au maximum de l’attention du plus grand nombre.
2. Elle permettrait, comme sont en train de le faire les avocats, d’exiger de l’Etat des mesures susceptibles de renforcer et de mieux protéger notre monopole.
Ce serait du pain béni comme on voudrait en recevoir tous les jours…
Alors faut-il prier les mânes de notre saint à tous, le grand Conseiller Réal, pour qu’il interfère sur notre terre en vue de parvenir à un tel résultat !?

En attendant que la bonne Fortune nous sourie, surveillons notre éthique !
Mettons-nous en passe d’appliquer la morale notariale, celle dont nous parle le Président du CSN (1), celle dont il veut faire un fer de lance de la profession en la portant comme un drapeau puisqu’il nous annonce l’édition d’un ouvrage sur ce thème. Il n’y a jamais eu autant d’appels à la morale de la part du peuple et, inversement, jamais autant de débordements, d’ignorance, de mauvais exemples, de mépris de la part des élites… C’est comme s’il s’agissait de références désuètes, oubliées, inutiles, voire d’un autre âge, ringardisées par le souci d’efficacité et de rentabilité. A présent, la notion de service est passée au second plan. Ce qui compte, c’est de rentabiliser au maximum l’investissement et de gagner du temps pour avoir plus de loisirs personnels…
Revenons à ce pour quoi nous sommes faits, justifions notre utilité et nos honoraires, appliquons-nous à le faire avec le sourire, en respectant scrupuleusement l’éthique et la morale notariale. Nul doute, dans ces conditions, que nous n’aurons pas besoin de scandales dans la presse pour nous faire connaître et reconnaître.

1. Cf.  ITV du Président Tarrade, page 10, mars 2014, N2000 n°545