La maîtrise de l’information est la condition même de la réussite de toute entreprise. Et cette maîtrise s’avère de plus en plus difficile. Oh, bien sûr, les outils adaptés, ceux que l’on rassemble sous le doux nom d’informatique, se sont multipliés, mais leurs performances sont souvent tributaires de la méthodologie utilisée en amont. Heureusement, d’autres solutions existent…

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Les microprocesseurs n’ont cessé d’accélérer leur vitesse de traitement. Les machines progressent, et pourtant, nous semblons toujours débordés par l’information. Entendons-nous bien ! Je ne dis pas que nous avons « trop » d’information. Comme on me l’a gentiment fait remarquer en 1999, au congrès de Beaune, « l’information est l’humus qui permet à l’entreprise de se développer »… Et plus y’a d’humus, mieux c’est ! Mais, à l’échelle des capacités de mon petit cerveau d’homo sapiens, ça déborde ! Alors que faire ? Renoncer ? Ah non, ce n’est pas mon genre. Sélectionner l’information ? J’aimerais bien, mais mon cerveau est fantaisiste et retient mieux les paroles d’une chanson stupide que les thèses développées par de grands penseurs nanospécialistes. La seule méthode, vraiment performante, pourrait être la « technique du céphalophore »…

La technique du céphalophore

Rappelez-vous, Saint Denis décapité prenant sa tête sous le bras…Voilà ce que l’on appelle « céphalophorie » ! Transposée à notre problème de surinformation et avant que notre vraie tête n’explose, il pourrait être utile d’en porter une sous le bras, »dans la poche », voire « sur le nez » avec les fameuses lunettes connectées de google (« google glasses »)… La tête bien faite reste supérieure en tous points à la tête bien pleine : elle sait séparer les « connaissances utiles » des innombrables bruits parasites. Mais, lorsque les connaissances se multiplient, il n’est pas rare de s’égarer dans le labyrinthe de l’information. Comment s’y retrouver ? En sachant préalablement ce que l’on cherche ! Je m’explique. Généralement, les moteurs de recherche extraient de notre fonds documentaire les documents les plus pertinents en fonction de mots clés et de tables. Ainsi, si vous tapez « grenouille » et « casserole » dans la GED de mon étude, vous trouverez pêle-mêle les documents relatifs au lieu-dit « La queue des grenouilles » et ceux qui émettent un avis discutable sur les casseroles de nos dirigeants. Le premier de la liste sera celui parlant de mettre une grenouille dans une casserole… Mais pour le trouver, encore faut-il que vous ayez l’idée (saugrenue) de juxtaposer deux mots incongrus ! C’est ainsi que l’on peut « rater » une information…

Comment trouver le « savoir recherché » ?

Si vous optez pour la méthode booléenne (et, ou, sauf), avec un peu d’entraînement, vous trouverez facilement ce que vous savez, mais passerez à côté de sources analogues formulées différemment (car le contexte, lui, ne sera pas analysé). Le vocabulaire précis risque de nous envoyer dans une impasse en raison de l’utilisation de synonymes. Et, vous en conviendrez, le langage universitaire n’est pas toujours celui de la pratique ! Que faire ? Prenons un exemple. Comment cherchez-vous votre chemin lorsque vous êtes perdus dans une ville, privé de votre GPS ? Vous prenez un plan, vous cherchez dans la liste des rues… et, en préparant l’itinéraire, vous découvrirez d’autres alternatives ! La connaissance n’est rien d’autre qu’un ensemble de chemins pour vous rendre au lieu du savoir recherché. Elle est souvent intuitive et imprécise, c’est ce qui fait sa richesse. En cherchant par opérateurs, vous utilisez un tracé prémâché qui mène à un endroit qui vous est connu. En furetant dans la connaissance, vous créez les opportunités de juxtaposition de savoirs complémentaires ou contradictoires qui étaieront votre raisonnement… Mais où trouver la carte ?

Carte de la connaissance

J’avoue que cette question devient difficile à résoudre. Les rares outils de cartographie de données sont aujourd’hui très chers et/ou introuvables. Les moteurs de recherche en ligne appliquant cette méthodologie (1) sont bien moins performants que ceux qui ont pu les précéder (Umap, Kartoo, aujourd’hui disparus). Mais à l’échelle de notre profession, prise dans sa définition élargie au village-monde, cet outil pourrait devenir incontournable tant pour la gestion des connaissances que pour celle des compétences, pour peu qu’on lui prête un peu d’attention. Les informations croissent sans cesse, constituant un maquis inextricable dans lequel vous vous sentez un peu perdu ?! Gardez les yeux ouverts, vous devriez bientôt voir l’arbre qui explique la forêt ! L’arbre des connaissances notariales (2)…

1 – Quelques exemples : http://internet-map.net,  http://constellations.labs.exalead.com, http://www. touchgraph.com/seo/
2 – Ce sujet sera traité lors du congrès MJN 2016 présidé par Denis-Pierre Simon.