et de ses conséquences sur l’avenir du notariat…

Les notaires, comme les autres, ne veulent croire ou être amis qu’avec ceux qui tiennent un langage poli, conventionnel et sans aspérité, cela les rassure et leur évite toute remise en cause. Ils ne veulent entendre qu’une douce mélodie de contentement ou des propos de solidarité, voire d’exclusivité, car le langage du cercle est rassurant.

 

Faire partie d’un groupe, élite ou normal, chasse les peurs. Celui qui ne tient pas le discours commun, habituellement partagé, est regardé d’une façon étrange, puis écarté rapidement. Il gêne d’autant plus, s’il ne rentre pas dans les cadres établis par la classe dirigeante. On peut être d’une intelligence exceptionnelle et avoir un jugement particulièrement aigu sur la société, ce ne sera pas suffisant pour être suivi et bousculer les préjugés. Aron contre Sartre fut un bel exemple de ce type de comportement.

Plus près de nous, il est clair qu’un homme politique doit rassurer. Un langage proposant la rupture avec les schémas du passé, même s’ils ont clairement échoué, a peu de chance d’être entendu. Les journalistes sont les premiers responsables de cette situation car ils enfourchent, avec célérité, sans savoir raison garder, les discours rassurants, mous et tièdes des politiciens plus désireux de protéger leur situation personnelle que de chercher la meilleure voie pour tous (généralement plus difficile et souvent, apparemment, impraticable). À Lyon, un journaliste, M. Amouroux, tient un langage de vérité chaque mois dans son éditorial, mais pas une seule télévision ne restitue le dixième de ce qu’il énonce. Les faits sont trop vrais, trop crus, trop violents ou trop simples. Ils mettent en cause trop de responsables, trop de gens. Ils s’adressent à l’intelligence et à la conscience de chacun, ne cherchant pas à émouvoir, à consoler, à compatir… C’est ainsi qu’il écrit que la SNCF est championne du monde en matière de grèves, et que la SNCM est tellement mal gérée par les syndicalistes profiteurs que la situation ne perdure qu’à cause d’une sous-information des Français, volontaire et coupable.

Dans le monde d’aujourd’hui, celui qui parle et exprime un avis contraire à la majorité ambiante est mal vu. Celui qui dénonce certains abus ou l’opacité de l’action des dirigeants est accusé de manque de solidarité. Celui qui demande des comptes est un insolent pour le moins. Celui qui évoque les tricheries ou les mensonges de telle ou telle personne en vue exagère. Quant à critiquer les élus, les structures, c’est de la jalousie ou de la médiocrité. Dois-je ajouter à ce constat les méfaits de la discrimination positive qui poussent à encenser telle ou telle femme, parce qu’elle est femme, etc. – l’inverse est vrai aussi – ? On est mieux considéré en étant responsable du Crédit Lyonnais que responsable d’une petite entreprise qui ne fait pas parler d’elle, mais produit et embauche. Mais j’écris, j’écris … Il est évident que le notariat n’est absolument pas touché par ce phénomène national qui se cantonne seulement à la politique.

 

J’ai pensé en ce mois de décembre à un Noël de rupture. Je souhaite donc un sapin avec des cadeaux virtuels – qui pourraient exister mais en sont empêchés (par qui ?) -. En voici la liste :

• La liste noire des notaires habituellement défaillants dans chaque département.

• Le rapport secret sur les causes exactes qui ont fait que nous n’étions pas 10.000 en l’an 2000.

• La note confidentielle sur le montant exact des indemnités versées à chaque élu.

• La décision de créer une police des polices notariales au niveau national.

• Le bilan du notariat, de chaque CR et de chaque Chambre avec des ratios comparatifs.

• Le texte concernant la réorganisation des structures notariales pour plus d’efficacité et un moindre coût.

• La loi développant le recours à l’acte authentique et la suppression de l’acte administratif.

• Le remaniement du tarif donnant un meilleur pourcentage d’émolument au notaire local et rédacteur.

• L’instauration d’un mandat légal pour le notaire avec, en contrepoint et a posteriori, le contrôle strict de légalité.

• Et, enfin, le guide rouge des offices notariaux instituant un classement de 1 à 4 panonceaux, sous la direction du CSN, au vu :

- De l’état des locaux.

- De l’état du matériel,

- De l’état de la documentation,

- Du plan de formation,

- Du nombre d’actes par clercs,

- Du nombre de notaires et du nombre de collaborateurs ; de leur formation et de leur spécialisation,

- Des services réellement offerts par l’office notarial,

- Du nombre d’actions en responsabilité,

- De l’implication de l’office dans les structures notariales. Étant précisé que la 3e ou la 4e catégorie ne peut être attribuée qu’à un office justifiant de l’obtention d’un label qualité et que la 4e ne concerne que les offices notariaux extrêmement importants…

En attendant, Joyeux Noël à tous !