Un ami confrère m’a raconté la réunion amicale de quelques anciens présidents de Chambre. Me sachant moi-même ancien président de Chambre, il s’est interrogé sur le fait, qu’en définitive, il n’en était pas sorti grand-chose de constructif.

Je me souviens avoir rencontré, dans l’espoir de recueillir des conseils, deux anciens présidents du CSN, juste après mon élection. J’avais été marqué par la différence d’accueil de chacun : l’un m’avait ouvert les bras et encouragé, l’autre s’était montré pessimiste et m’avait raccompagné en me plaignant beaucoup. Peu importe les raisons de cette différence, mais le fait est que j’avais dû envisager de mener la conduite de la Chambre selon mes propres critères.

Témoignages divers

Mon ami m’a conté que, lors de sa réunion, chaque confrère s’était exprimé librement et de façon fort différente. Certains mettaient en exergue une de leurs réussites sur le plan de la communication. D’autres regrettaient l’absence de la profession dans les médias alors qu’au contraire, il y en avait qui s’en félicitaient. Certains, très anciens, n’avaient pas en tête d’actions ou d’initiatives particulières à la tête de leur Chambre. Il en est qui rappelaient l’aspect festif et convivial d’une époque révolue. D’autres encore, phénomène de générations, dénonçaient le manque de confraternité des jeunes confrères et leur absence au repas servi traditionnellement après les assemblées générales. Il y avait ceux qui suivaient leur idée sans jamais se remettre en cause et sans jamais évaluer le bénéfice de leur action. Ceux, nombreux, qui avaient souffert du rude combat des égos et des plans de carrière très personnels au niveau régional. A ce sujet, il en résultait le constat (comme en politique), que plus on montait dans la hiérarchie, moins on était respecté, la personnalité de certains confrères semblant se déliter, au fur et à mesure de leur progression, au point même qu’on ne les reconnaissait pas…

Les principaux freins

En écoutant mon ami, je me suis alors demandé quel enseignement tirer de son témoignage. Le panel des solutions existe en catalogue depuis longtemps. Toutefois, la réalisation se heurte le plus souvent :
– à l’individualisme des notaires ;
– au changement de président trop fréquent (2 années de mandat, c’est infiniment court et cela ne permet pas une action de longue durée) ;
– au manque de démocratie réelle ;
– à l’absence de Cour des comptes en charge du notariat, permettant une réelle transparence (à l’image des démocraties du Nord) ;
– et, enfin, au manque de mise en valeur et de soutien des individualités les plus compétentes dans la profession.
Du rapport de cet entretien, il m’est apparu une évidence : il n’est de richesse que l’homme ou la femme désigné(e) pour représenter le notariat. La désignation de cette personnalité est déterminante.

Les qualités d’un « chef »

Ce choix doit porter sur un confrère indépendant, désintéressé, actif, dévoué, intraitable sur la discipline, susceptible d’agir utilement pour l’intérêt de la profession, animé par la volonté farouche de construire un notariat adapté à son époque, quitte à être critiqué.   Le notariat attend un nouveau Réal, capable d’offrir aux notaires une nouvelle vision, une nouvelle perspective, de nouveaux chantiers… Mais plus qu’un programme, c’est d’abord un chef charismatique qu’il faut trouver pour conduire une Chambre, pour diriger un Conseil régional, pour emmener le Conseil supérieur. Michel Onfray, le philosophe, conseille fermement de se détourner du philosophe qui ne met pas en pratique ce qu’il enseigne. C’est un sage conseil…