Une de nos lectrices nous envoie, selon ses propres termes, « une critique positive sur une manifestation nécessaire » : la cérémonie des notaires assistants. Son témoignage se passe de tout commentaire. Espérons qu’il sera entendu de nos élus…

 

« Je suis une jeune femme comme la majorité des notaires assistants. J’ai réussi mes études universitaires après un cursus sans surprise. Je me suis mariée et j’ai trouvé un emploi dans un office notarial. J’ai deux enfants et j’ai préparé le mémoire de fin d’études, en y consacrant le peu de temps disponible que j’ai trouvé, notamment grâce à la compréhension de mon patron. Le jeu en valait la chandelle puisque j’ai obtenu devant le jury une excellente note. Aussi, lorsque j’ai reçu l’invitation à la 11e cérémonie des notaires assistants, organisée à Lyon au Musée gallo-romain, par le Conseil régional des notaires, j’ai été heureuse à la pensée que j’allais enfin voir validées tant d’années de travail. Le « top » sera évidemment lorsque je prêterai serment devant le Tribunal de Grande Instance, après ma nomination de notaire, mais il s’agira alors du début d’une carrière juridique et économique. La cérémonie à laquelle nous sommes conviés est le couronnement des études universitaires, en même temps que la fin du parcours étudiant ; c’est en quelque sorte l’achèvement de la première grande partie de ma vie. Trop heureuse, j’ai d’abord téléphoné au CR pour que mon patron puisse me remettre lui-même l’insigne de « notaire assistant ». Il m’a été répondu qu’il n’y aurait pas une telle remise ( !?). J’ai ensuite demandé si je pouvais venir avec ma mère, qui m’a soutenue lorsque j’étais lycéenne, puis étudiante, et avec mon mari qui a dû s’occuper des enfants lorsque je travaillais mon mémoire pendant les week-ends. Il m’a été répondu qu’il n’y avait pas assez de places disponibles et qu’en conséquence, ce n’était pas possible. Double déception ! Je me suis donc rendue à cette cérémonie avec l’impression, sur le coup, qu’on me volait quelque chose d’indéfinissable. Il y a eu les discours habituels, nous avons visité le musée et ce fut intéressant, mais nous n’étions pas venus pour cela. Des diplômes ont été remis à quatre lauréats avec un chèque, j’ai applaudi. Le Président nous alors demandé de monter sur les marches pour la photo, ce que nous avons fait, en même temps que l’on nous remettait un livre sur le vin et un stylo. Quelques sourires, des flashes… C’était déjà fini. Je suis peut-être trop sentimentale ou trop naïve, mais j’aurais aimé que l’on me félicite individuellement, que l’on me remette un insigne, petit témoignage de la nouvelle considération que l’on nous porte. J’aurais voulu me voir seule sur les marches, en présence de ma mère, de mon mari et de mon patron. J’aurais aussi tellement voulu me souvenir longtemps de ce moment, au moins jusqu’à la prestation de serment, lorsque j’entamerai ma carrière de notaire et que je me dépouillerai du terme « assistant » ! C’est ce que j’ai ressenti immédiatement et les jeunes de ma promotion ont majoritairement éprouvé la même frustration. En fait, c’était une excellente idée de mettre en valeur les jeunes notaires assistants lors d’une cérémonie avec remise d’un insigne, à la Cour d’Appel, à la Faculté de Droit ou au Conseil régional. Il faudrait revenir à ce concept dans sa formulation la plus simple, sans changer de lieu, ni de protocole. En effet, cette manifestation est d’abord destinée aux jeunes en vue de les valoriser, de les accueillir et de les encourager. Elle est ensuite orchestrée pour assurer la communication du notariat, en faisant connaître la nouvelle promotion de jeunes notaires, comme le font depuis des lustres, les avocats. En réalité, j’ai eu l’impression que nous servions de prétexte à une réception, mais que nous n’étions pas vraiment l’objet unique de celle-ci. Je comprends que les Présidents qui viennent chaque année puissent avoir envie de changer de lieu, de cadre, de cérémonial, mais nous, qui ne le vivons qu’une fois, nous sommes dans l’attente du maintien d’une certaine tradition et de la remise de l’insigne « notaire assistant », comme l’ont reçu ceux qui nous ont devancés. Cet insigne que nous ne porterons probablement pas, même s’il peut paraître dérisoire, est en fait l’occasion d’une accolade, d’un contact chaleureux exprimant les félicitations de la hiérarchie notariale, la reconnaissance individuelle de notre réussite personnelle, et le souvenir impérissable de ce moment solennel et exceptionnel. À trop vouloir changer le rituel et le lieu, en vue de surprendre et d’innover, on risque, sur l’initiative d’un Président, de se retrouver un jour avec un discours et une flûte de champagne, dans un avion Airbus, loué pour la circonstance, survolant le Centre de Formation. Est-ce bien ce que veut le notariat ? Est-ce bien ce qu’attendent les jeunes ? En résumé, je suis pour la RINA (remise d’un insigne au notaire assistant) et pour la RNAPF (reconnaissance du notaire assistant en présence de sa famille).