On sait tous qu’un  » bon  » notaire peut devenir rapidement  » mauvais  » faute du résultat escompté. Et puis, un notaire comme tout prestataire de service peut être jugé  » bon  » par certains et  » mauvais  » par d’autres, sans qu’on sache pourquoi. Enfin, il y a aussi des clients impossibles à satisfaire dans la durée et qui  » usent  » successivement plusieurs notaires. Alors, dans cette période de consumérisme à tout va, que dire, que faire ? Petite réflexion sur la notion du  » bon notaire « …

 

Le micro-trottoir et les propos des représentants des associations de consommateurs, diffusés à l’occasion du Congrès Jeune Notariat de Séville (novembre 2004), sont une démonstration flagrante que la notion de  » bon notaire  » ne fait pas toujours l’unanimité.

> Pour nos clients, il nous faut tout d’abord admettre qu’ » on ne peut pas plaire à tout le monde « . Pour le reste, nous devons faire de notre mieux, avec courage et détermination, en ayant, chaque fois, les mêmes préoccupations :  » Accessibilité – Amabilité – Efficacité « . À partir de là, on parlera de  » célérité  » et de  » suivi  » jusqu’à la clôture du dossier. On constate également souvent chez les titulaires d’office un manque de formation particulièrement en matière de management. Or c’est là, presque toujours, la cause du mauvais fonctionnement de l’office. La démarche qualité est un remède. Mais sa mise en place nécessite du temps et beaucoup ne sont pas acquis à l’idée. Pourtant, constatons que, pour la majorité de nos clients, peu importe le titre de l’interlocuteur dans l’office ; ce qui prime,  » c’est la qualité du service rendu « .

> Pour les autorités professionnelles, un bon notaire, c’est tout d’abord quelqu’un dont on n’entend pas (ou peu) parler, pour des plaintes ou réclamations de la clientèle. C’est aussi celui qui règle ponctuellement ses cotisations. C’est enfin celui qui ne se défile pas continuellement pour les missions de représentation ou qui, les ayant acceptées, les exécute consciencieusement.

> Pour les confrères et le personnel des autres offices, il ne faut pas se voiler la face : malgré de notables améliorations, les relations entre offices, comme entre les notaires eux-mêmes sont encore loin, en certains endroits, d’être correctes. Cela se manifeste dans les affaires en concours lors des rendez-vous de mise au point et/ou de signature, mais aussi sous forme d’une concurrence déloyale caractérisée. Et ce ne sont pas toujours les patrons qui en sont responsables !

> Pour les salariés des offices, un bon notaire, c’est un notaire qui paie convenablement et avec lequel on travaille dans de bonnes conditions. À défaut, il peut en résulter des dysfonctionnements préjudiciables à la fois pour le climat dans l’entreprise et les relations clientèle. Nous parlons ici de management. Pour l’auteur de ces lignes, le management est un art et tout le monde ne peut pas être un artiste. Quoi qu’il en soit, il ne peut y avoir, dans la durée, de fonctionnement convenable d’un office, sans un minimum de consensus pour des relations correctes, dans le cadre d’une autorité bienveillante et librement acceptée à tous les niveaux de la hiérarchie. N’est-ce pas d’ailleurs l’un des objectifs de la  » démarche qualité  » ?…

> Enfin, les notaires honoraires, comme l’ensemble des retraités, vivent de plus en plus vieux en bon état de santé. Bien évidemment, la plupart ont des activités bénévoles diverses, mais peu continuent à s’investir au bénéfice du notariat. On en rencontre quelques-uns à Maillot et dans les salons professionnels, ce sont souvent des anciens de Jeune Notariat. Question : combien sont sollicités par les responsables en fonction ? Cela dégagerait pourtant du temps pour les notaires en activité qui en ont bien besoin. On a toutes les raisons de penser que les notaires honoraires (20 ans d’exercice au moins) se tiennent au courant (au moins dans les grandes lignes) des nouveautés juridiques et fiscales, ne serait-ce que pour renseigner, à l’occasion, famille et amis. De plus, sauf rares exceptions, la profession de notaire apporte à ceux qui l’ont exercée une certaine aisance matérielle (on connaît peu de notaires victimes de la fracture sociale) ; les services ainsi rendus ne seraient qu’un minimum de reconnaissance et de compensation. Il y a des choses qui devraient aller sans dire, mais elles vont encore mieux en le disant, même si, probablement, cela risque de déplaire à certains…

 

Dans son intérêt, le notariat doit demeurer solidaire. Il doit surtout se faire mieux connaître du public. Sur ce point, à Maillot comme ailleurs, les consultations publiques et gratuites sont toujours très appréciées. Faisons nôtre le fameux message du Président Kennedy au peuple américain et  » Ne nous demandons pas (toujours) ce que la profession peut faire pour nous, mais demandons-nous (plus souvent) ce que nous pouvons faire pour elle  » !