Ils s’appellent Cédric Daugan (1) et Jean-François Girard (1). Tous deux sont notaires assistants en région parisienne. En juin 2011, sac au dos et Code civil sous le bras, ils se lancent dans un tour du monde du titrement et de la sécurisation foncière auprès des confrères du monde entier. De retour de leur aventure, les deux globe-trotters nous livrent leurs impressions.
Notariat 2000 : Comment s’est déroulé ce tour du monde notarial ?
Cédric Daugan : L’aventure s’est déroulée sans encombre. Quelques petits désagréments, inhérents à tout voyage au long cours, constituent aujourd’hui des anecdotes. Ce voyage m’a appris le dépassement de soi et une relativité sur les choses qui vous tombent dessus sans crier gare. Bref, je suis heureux et je sais apprécier ce bonheur. Je vous jure, c’est grisant !
Jean-François Girard : En ce qui me concerne, cela pourrait plutôt s’intituler « tour d’Asie ». Pour des raisons professionnelles, j’ai rejoint Cédric le 10 novembre dernier à Shanghai. Nos rencontres notariales y ont été fructueuses grâce à Marylise Hebrard, directrice du centre sino-français de Shanghai, qui nous a ouvert toutes les portes du notariat chinois. Ce fut plus laborieux dans les autres pays d’Asie en raison notamment de la barrière linguistique. Ce que j’en ai retiré ? Des rencontres magiques tant avec les professionnels locaux qu’avec les anonymes de toutes nationalités croisés sur notre route.
Notariat 2000 : Quel était l’objectif au départ ?
Jean-François Girard : Rencontrer nos confrères à l’étranger, confronter notre façon de travailler et échanger sur nos rôles respectifs. Nous avons beaucoup travaillé sur les questions liées à la sécurité juridique et constaté, avec satisfaction, que c’était une préoccupation partagée.
Cédric Daugan : Il était double pour moi : culturel et professionnel. Aller au-devant des autres, découvrir une culture, aimer son prochain et l’écouter sont pour moi les conditions substantielles du notaire. Dire que l’on est passionné de droit est secondaire. Cette aventure m’a aussi permis d’aller à la rencontre des confrères du monde entier pour voir leur approche du métier en matière de titrement et d’accession à la propriété. Je tiens d’ailleurs à rendre ici hommage aux notaires étrangers qui ont fait preuve d’une hospitalité hors norme à notre égard.
Notariat 2000 : De quel notariat vous êtes-vous senti le plus proche ?
Cédric Daugan : Le notariat sud-américain connaît un système équivalent au nôtre. La pauvreté populaire en modifie cependant certains aspects. Le notariat chinois est, quant à lui, surprenant tant dans son appréhension du droit que dans son fonctionnement au sein d’une étude.
Jean-François Girard : Le notariat chinois moderne est pour moi l’un des plus proches, malgré des particularismes assez déroutants pour un juriste français.
Notariat 2000 : Le notariat, une valeur sûre à travers le monde ?
Jean-François Girard : Dans tous les pays dont le droit est d’influence romano-germanique, le but du notariat est tourné vers l’efficacité. Il a pour souci constant la sécurité juridique. Le conseil y est également très présent. Un lien de confiance très fort est noué entre le notaire et ses clients. En revanche, dans les pays de la common law, le droit est essentiellement jurisprudentiel. Le titre n’est pas doté d’une fiabilité à toute épreuve, d’où un système d’assurance titre visant à réparer d’éventuels préjudices causés par une erreur contenue dans l’acte. Ce concept est inenvisageable dans le notariat de droit continental. Le notaire est en effet garant et responsable de la sécurité juridique des actes qu’il dresse. C’est donc l’esprit de responsabilité des notaires qui me convainc que le notariat est une valeur sûre à travers le monde.
Cédric Daugan : La perfection juridique n’existe pas, mais le notariat y contribue. Encore faut-il se poser les bonnes questions pour résoudre les problèmes pertinents.
Notariat 2000 : Vos prochains objectifs ?
Jean-François Girard : M’impliquer davantage dans la profession ! Le notariat est une famille qui doit être défendue ! Elle participe, selon moi, à travers la déontologie de ses membres, à une excellence certaine et à la pacification sociale.
Cédric Daugan : Des envies professionnelles plein la tête, des rêves plein le cœur ! Une vie notariale bien remplie, certes, mais est-ce l’essentiel ? Moi j’ai ma réponse, et vous ?
1. Cédric Daugan et Jean-François Girard font partie de l’équipe du 43e Congrès MJN 2012 (Grenade du 17 au 21 octobre) qui a pour thème la publicité foncière.