2008 aura été marquée par la crise des subprimes (en français « prêt aux pauvres »). Dialogue avec moi-même à propos de l’univers « impitoyable » de la finance…

 

MOI : Il paraît que « subprime » est le mot de l’année 2008, celui qui restera dans le subconscient des gens comme étant l’emblème des financiers pourris du monde capitaliste… Le pire, c’est que les banquiers des États-Unis voudraient nous faire croire que, par pure générosité, ils ont mis en place des prêts faciles d’accès pour permettre aux plus pauvres d’acquérir leur domicile… Un peu facile, non ? !

Moi : Après tout, un capitaliste a un cœur comme tout le monde. Mais si c’est le cas, et s’il n’était pas uniquement intéressé par la rentabilité de l’opération, il faut admettre que le raisonnement a été vicié par un manque d’analyse et de prospective.

 

MOI : Le consommateur est défendu, individuellement ou en groupe, par un lawyer si la responsabilité d’un tiers est mise en cause. En cas de réussite, l’indemnisation est considérablement plus importante qu’en France. En revanche, dans le cas des subprimes, les emprunteurs, réputés responsables de leurs actes, ont malheureusement tout perdu sans indemnisation possible.

Moi : Vues de notre pays, la crise et ses conséquences paraissent incroyables. Chez nous, une telle situation entraînerait à coup sûr une révolution dans la rue !

 

MOI : Exact ! Le point positif chez eux, c’est qu’ils sont fiers et responsables et, donc, capables d’assumer les pires conséquences, puis de se remettre au travail. Le point négatif, c’est que les responsables de ce désastre n’ont pas été capables d’analyser finement toutes les options possibles, de même que les responsables politiques n’ont pas mis en place le cadre juridique susceptible au minimum de réduire les effets d’une crise.

Moi : Aurions-nous fait mieux ?

 

MOI : Probablement, même si, pour être honnêtes, nous n’avons pas encore la possibilité d’écarter tous les risques…

Moi : Et c’est normal ! Vivre, c’est déjà prendre un risque. Une assurance chômage, une assurance maladie ou décès, un taux variable mais capé, une mensualité correspondant à un tiers du revenu, un prêt ne dépassant pas 80 % de la valeur du bien… Toutes les garanties existent dans notre pays et limitent la casse en cas de crise ou d’événements imprévus.

 

MOI : Peut-être faudrait-il ajouter que nous avons des banquiers ayant, pour la plupart, une éthique. Je ne parle pas de tous les établissements de crédit car il y aurait beaucoup à dire à leur propos.

Moi : C’est avec le notaire que se concrétisera l’acte hypothécaire final. C’est dans son rôle irremplaçable d’officier public qu’il authentifiera les conditions acceptées par les deux parties. Et peut-être qu’au dernier moment, il relèvera une erreur matérielle, une faute d’inattention ou de jugement qui évitera au débiteur de connaître un terme judiciaire dramatique.

 

MOI : Le fait est que les notaires, paralysés par le rappel du projet de prêts hypothécaires rechargeables envisagé par le Président Sarkozy, n’osent plus en parler. Ils n’essayent même pas de mettre en valeur le rôle prééminent de l’officier public, de faire la différence entre leur conseil désintéressé, indépendant et impartial, avec celui de l’avocat, entièrement tourné sur son client et non pas sur l’équilibre du contrat et le respect de l’ordre public.

Moi : Au fond, l’idée même d’un « subprime », dans les conditions américaines, n’aurait jamais vu le jour en France, car le notariat aurait soulevé un certain nombre de questions pour sa mise en œuvre qui auraient fait capoter le projet, si tant est qu’il ait vu le jour. De cela nous sommes sûrs et de cela le notariat doit être conscient et le faire savoir !