J’ai récemment assisté à la présentation du PNF Horizon 2020 par notre nouveau président du CSN. D’où ces réflexions sur l’avenir du notariat, les avocats, la grande profession du droit… et les Templiers !
MOI : Voilà quatre ans que je n’avais pas participé à une manifestation notariale… Quel changement en si peu de temps, et aussi quel bonheur de voir tous ces jeunes, toutes ces femmes, tous ces projets de modernisation…
Moi : Tu ne serais pas un peu vite rentré dans le moule ? Souviens-toi des grandes messes, des 10 000 notaires en l’An 2000, du livre blanc sur le notariat, de la CLON… et puis plus rien !
MOI : Cette fois, j’ai eu envie d’y croire. Le PNF Horizon 2020 avec ses 12 actions, ça m’a rappelé la feue conférence du plan. Des objectifs pratiques, utiles, atteignables rapidement. Une volonté d’aider la profession à se dépasser, du plus petit au plus important notaire…
Moi : Ce n’est pas un peu facile tout ça ?
MOI : Au niveau d’une présidence du CSN, franchement, rien n’est facile ! As-tu entendu comment, à chaque échelon politique, le Président Renaud a dû discuter avec un avocat ? Défendre une profession dans une telle arène relève d’un combat de gladiateur. Le notaire est seul contre une armée d’avocats.
Moi : Le notariat devrait suggérer à la « grande presse » un article du genre de ceux rédigés sur les francs-maçons ! Cela mettrait en exergue le fait que les avocats sont à tous les postes clés et qu’il y a des risques à laisser s’instaurer une sorte de mafia du droit par avocats interposés.
MOI : Tous ces ministres, ces directeurs de commissions… qui exercent en même temps dans un cabinet d’avocat, cela devrait être interdit ! Et, en plus, quand on sait que le barreau leur ouvre les portes en leur offrant le Capa… Trop, c’est trop ! Le directeur de La Revue des Deux Mondes faisait remarquer que l’on était « désormais dans une situation analogue à celle qui prévalait à la veille de 1789, en pire ? », notamment à cause des « affaires » car tout se traite dans l’opacité la plus complète.
Moi : Puisque tu évoques la Révolution, souviens-toi que les avocats avaient tellement fomenté d’actions peu recommandables qu’ils furent privés de Légion d’honneur pendant des années. Si la presse révèle leurs actions partisanes, les postes clés qu’ils détiennent, les échanges de services du plus bas au plus haut niveau, les Français demanderont peut-être des éclaircissements qui pourraient leur être fatals…
MOI : Un des hauts responsables du notariat m’a assuré que l’attaque en règle que nous subissons de la part des avocats vient du premier d’entre nous, le Président lui-même, avocat et désireux de s’approprier le marché immobilier. Selon mon interlocuteur, nous serions tranquilles jusqu’à la présidentielle (encore qu’il va falloir lutter pied à pied au Sénat), mais après, en 2012, si Nicolas Sarkozy est réélu, nous serions absorbés dans une profession unique du droit.
Moi : Donc, tu regrettes l’action tardive du CSN qui nous livre pieds et mains liés à la concurrence… Un constat s’impose : nous sommes comme les Templiers, destinés à être pillés, ruinés, dépossédés de l’exclusivité du sceau de l’État, par la seule volonté de notre souverain… L’histoire se répète inlassablement.
MOI : Mais ne sommes-nous pas tous responsables ? N’avons-nous pas profité de privilèges exorbitants ? N’avons-nous pas dilapidé un héritage exceptionnel en nous laissant aller à une douce euphorie, durant les 30 « glorieuses », puis les « piteuses »… Confions notre sort à notre nouveau président du CSN, faisons front tous ensemble, restons unis ! Comme il l’a si bien rappelé, notre force, c’est l’union ! S’il y a eu des loupés, des erreurs, des batailles perdues, c’est chaque fois à cause d’initiatives personnelles ou isolées…
Moi : Et le Président vous a aussi assurés que votre survie tenait à votre compétence, au service que vous rendiez car vous recevez des millions de consommateurs ? Mais, dans ce cas, ce qui est vrai pour nous, l’est pour les avocats, non ? S’ils réussissent à nous prendre des parts de marché, c’est donc qu’ils sont compétents et qu’ils assurent un vrai service à la clientèle…
MOI : Évidemment non ! Ils y arrivent parce qu’ils ont l’oreille du Président, parce qu’ils sont nombreux et qu’ils verrouillent tous les postes de décision, parce qu’ils sont probablement moins idéalistes que la majorité des notaires.
Moi : Et maintenant ? Quid de la cagnotte notariale, du manque de transparence, de l’absence de suffrage universel, du choix entre un notariat plutôt libéral ou plutôt officier public, de la collaboration avec Tracfin, et de tant d’autres questions restées sous le boisseau ?
MOI : Les dés sont jetés… ils roulent.