Communiquer est la grande affaire du moment. Il faut être transparent, donner l’information, écouter les autres, instaurer un dialogue, une écoute. Être, en quelque sorte, “bien dans son époque”. Le notariat n’échappe pas à la règle et tente, par tous les moyens, de communiquer.

 

Réjouissons-nous : oui, les notaires ont envie de communiquer ! Quelle avancée pour une profession qui a la fâcheuse réputation d’être impénétrable et secrète… La principale raison de cette louable mutation vient du fait qu’ils souffrent d’un vrai complexe : celui de ne pas être reconnus à leur juste valeur. D’où le recours à la démarche qualité qui est, incontestablement, une méthode de communication extérieure. En brandissant sa certification comme un étendard vertueux, le notaire peut ainsi prouver à sa clientèle qu’il a rationalisé l’organisation de son étude comme une entreprise de plomberie ou de services. Seulement voilà… À trop vouloir en faire, on risque de brouiller les pistes et de faire passer les notaires pour des chefs d’entreprise. Ce qu’ils ne sont pas et ne seront jamais. Ce sont en revanche des officiers ministériels, dépositaires de missions de service public, qui, tout au plus, ont dans leur quotidien, des contraintes équivalentes à celles de chefs d’entreprise. Mais pas plus. Attention à ne pas perdre notre identité en communiquant tous azimuts.

 

Péril jeunes

Le notariat a lancé, depuis l’année dernière, une vague de spots télévisés vantant les mérites d’une profession jeune, dynamique et moderne (féminine même !). C’est une riche idée. Le ton est léger, l’ambiance très “sitcom”. Seulement voilà, la pratique de l’humour est un art délicat. Cela ne risque-t-il pas de donner une image étrange du notariat ? Perfide remarque, m’opposera-t-on, il s’agissait de s’ouvrir aux jeunes ! Et bien des jeunes, parlons-en justement, car le vrai scandale est bien là ! Ainsi, sur une plaquette largement diffusée, faisant la promotion de la profession, on voit un notaire stagiaire partager l’affiche avec un notaire, dissertant sur l’origine de notre belle profession. Le jeune est largement valorisé. On frise pourtant la publicité mensongère ! Il faudrait lire entre les lignes : “Si tu choisis le notariat, tu seras stagiaire à environ 1 000 € par mois, sans remboursement de tes frais de formation et des heures supplémentaires. Tu débuteras ton stage par du classement, des soldes de comptes et des mainlevées. Tu ne compteras pas tes heures, tu diras merci poliment et tu feras preuve d’une grande motivation pour espérer progresser… un jour peut-être.” De même, que penser de l’insupportable médiatisation, interne à la profession, du supposé “papy boom” ? Puisque les collaborateurs sont bien intégrés, quoi de plus légitime que de dire que l’installation est à leur portée ! Mauvaise communication et surtout dangereuse tentation ! Non, tous les notaires atteignant 60 ans ne partent pas à la retraite. Et ils ont bien raison de continuer ! Ce sont des professionnels libéraux donc indépendants et libres. Quant à l’installation, elle relève du chemin de croix (1) pour le jeune diplômé… Le risque d’une communication ratée ou clairement démagogique et mensongère est bien grand. N’oublions pas que nombre de diplômés notaires sont aux portes de la profession. Ils écoutent attentivement les discours et attendent désormais du concret. Et ce n’est pas en changeant le label de “notaire salarié” en “notaire tout court” que les choses vont s’arranger. Il faudra plus ! Pas de camouflage, mais la vérité ! À moins que la profession préfère prendre le risque d’être interpellée par une génération de jeunes la mettant au défi de tenir les promesses de sa communication ? Que répondrait-elle alors à ce “Chiche” ?…

 

1. Lire notre dossier sur l’accès à la profession, Notariat 2000 n° 481.