Vous avez lu « Le Magasin des suicides » de Jean Teulé ? Imaginez un magasin spécialisé dans la vente de tous les ingrédients possibles pour se suicider, avec un slogan ravageur : « Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! ». Par certains traits, nos relations avec nos « cousins » avocats s’inspirent étrangement de ce roman. De coups de canifs (avec l’acte contresigné et le sceau d’avocat) en campagne de dénigrement, les avocats ne chercheraient-ils pas à « suicider » le notariat ? À quand un sursaut salvateur de notre part ?

 

Naguère, le rapport Attali avait mis le feu aux poudres. Puis une opération d’intox suscita l’indignation des barreaux, sous le prétexte (fabriqué de toutes pièces), que « les notaires avaient demandé à s’emparer des divorces ». Vint ensuite l’idée fumeuse de la « fusion absorption » des professions du droit dont la mise en place fût confiée, avec un souci évident d’objectivité, à un… avocat ! « L’acte contresigné d’avocat » a été validé sous la pression de la chancellerie qui souhaitait mettre un terme à « l’opposition » avocats-notaires ! Mais n’y a-t-il pas eu trahison ? Lorsque Chamberlain fit signer à Hitler un traité de paix, Churchill eût cette réflexion prémonitoire « Entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre »…

 

La ligne jaune est dépassée

Depuis la mise en application de la fameuse loi de « modernisation » des professions juridiques, il est apparu, clairement, que l’acte contresigné n’était qu’une étape. Le président du Conseil national des Barreaux (CNB) n’a pas ménagé ses efforts pour dénigrer l’acte authentique et caricaturer la fonction du notaire en la réduisant à celle d’un agent chargé du contrôle de cartes d’identité. Il a même ajouté que l’acte contresigné « vient donner au législateur une arme supplémentaire, car il apporte la garantie que le consentement des parties a été éclairé » ! Peu à peu, le parasitisme s’est installé. C’est ainsi que les « gens d’en face » ont concocté, début mai, un « sceau » ! À ce stade, rien ne permet d’exclure que nos chers « cousins » n’ajouteront pas, dans leur panoplie, un « signal encore plus fort » ! À quand le panonceau ?!

 

Fondamentaux et identité notariale

Le temps de la Collaboration a vécu ; nous sommes entrés en Résistance. Notre métier est trop beau pour être galvaudé. Nos détracteurs cultivent le dénigrement et créent la confusion. Le risque de déloyauté est atteint. Nous devons réagir en mettant, judiciairement, un terme aux attaques dont la profession est l’objet. Nous devons activer la valorisation de notre « marque » en mettant, clairement en lumière, notre identité, notamment dans nos contacts avec l’extérieur, dans le visuel de nos études… Plus généralement, il ne faut pas accepter l’irrespect de certains de nos partenaires (banquiers, assureurs, administrations, etc.) qui nient nos spécificités, donc notre identité. Il n’y a pas de fatalité. Il nous appartient d’être vigilant et de ne rien laisser passer ! Face à une politique d’encerclement, initiée par une profession qui affiche ouvertement son hostilité à notre égard, et à la banalisation de l’image de l’officier public dans la société, il me semble urgent d’aller plus loin dans le concept d’identité notariale. Je crois aux fondamentaux du concept juridique de « la franchise ». Le notariat français devrait s’approprier ce système de commercialisation de produits et/ou de services en développant les signes de ralliement à la clientèle, le savoir-faire et l’assistance technique et juridique. Des ingrédients indispensables pour gagner !