Il faut parfois remonter aux sources, pour mieux se situer dans la modernité. Lorsqu’on parle de « client », c’est souvent le sens contemporain qui vient à l’esprit, assimilé à « consommateur », celui-là même dont découlent des expressions telles que « marché du droit » « consommateur de droit »… Est-ce bien le sens auquel nous autres notaires faisons référence lorsque nous nous approprions (sans leur demander vraiment leur avis) « nos » clients ?

 

Ne faudrait-il pas, plutôt, se souvenir des origines antiques (au sens noble et monumental s’entend) de notre profession ?

En ces temps reculés, un client était un homme libre qui se plaçait sous la protection d’un patron (maître) bienfaiteur plus puissant que lui…

Ne serait-ce pas la preuve la plus évidente de la perte progressive de notre puissance que de constater qu’aujourd’hui le client ne vient plus se placer sous la protection pourtant reconnue que nous lui offrons ?

Y a-t-il réellement concordance entre les exigences de notre statut et la soumission au consumérisme (pour ne pas dire au « clientélisme ») ? Les commerçants affirment que le client est Roi…

Est-ce bien raisonnable de leur emboîter aveuglément le pas lorsqu’on s’affirme notaire de la République ?!

N’est-ce pas par ce genre de contresens que nous offrons le plus dangereusement le flanc à ceux qui, au nom de l’intérêt du client, défendent surtout leur intérêt d’avoir des clients ?

Il est en tout cas nécessaire de mettre le client et son véritable intérêt au centre de nos préoccupations.