En 1958, la Commission Armand-Rueff fut instituée pour identifier les obstacles à l’expansion économique. Ses conclusions, préconisant d’abroger les quotas et numérus clausus dans les professions réglementées eurent vite fait de mettre le feu au landerneau notarial. Les représentants de la profession n’eurent alors de cesse de proclamer haut et fort les avantages considérables que le statut des notaires procurait au service public et aux consommateurs.

 

Un seul refusa ce plaidoyer “pro domo” et dans un article du petit journal qu’il venait de lancer, « Pompadour, édition notariale » , titra : “Merci, Messieurs Armand et Rueff de nous avoir donné un coup de pied au c…” Louis Reillier, au contraire de tous ses confrères, avait décidé d’adopter une démarche positive, de prendre les devants. Plutôt que subir et engager un combat d’arrière-garde, il prônait une attitude offensive dans la perspective de démontrer aux pouvoirs publics que le notariat avait la capacité d’engager sa modernisation et de justifier, par la qualité de ses services, l’utilité de son statut.

 

Aujourd’hui, la profession est confrontée au même dilemme : la Commission Attali se trouve au cœur de nombreuses conversations. Malheureusement peu de voix s’élèvent pour faire à nouveau le pari de l’ouverture et de la modernité. Les beaux discours suffiront-ils cette fois encore à épargner la profession ?? Dans les pages ci-après, nos rédacteurs Jean-Claude Bigot et Didier Mathy amorcent des pistes de réflexion et ouvrent le débat. Crier au loup n’ayant jamais représenté la manière la plus efficace de se protéger, il nous semble que le notariat doit se singulariser aujourd’hui par son esprit d’ouverture et non par la seule défense de son pré carré. Dans un environnement incertain, face aux difficultés qui vont découler du ralentissement de l’activité immobilière, les notaires doivent remettre leurs pendules à l’heure de la lucidité.