Dire que le notariat n’est pas démocratique, sous prétexte que les élections ne sont pas libres et que les postes clefs sont tenus, jalousement, par certains « groupes » faisant tout pour en verrouiller l’accès, est un excellent moyen de se justifier… « On ne peut rien changer, on ne peut rien faire, tout est joué d’avance ! » Qui vous l’a dit ? En êtes-vous sûrs ?

 

Effectivement, les élections dans notre profession sont parfois curieuses. Autant de candidats que de postes à pourvoir, victoires sans péril, impression (désagréable) de voir un petit groupe autoproclamé « élite de la profession » se transmettre les fonctions… Qui n’a pas connu cette sensation curieuse d’être tenu à l’écart de l’essentiel ? Pourtant, rien ne vous empêche, si le cœur vous en dit, et si, bien sûr, vous n’êtes pas un « collectionneur d’embrouilles », de vous présenter à certaines élections.

 

Non au « tour de bête »

Je n’ai jamais compris pourquoi les plus ardents contestataires du « tour de bête » n’osaient pas braver le système et présenter spontanément leur candidature. Inutile dites-vous ? Vous n’avez jamais vu de candidature « libre » être créditée de suffisamment de voix pour être élue à un poste de responsabilités ? Je vous assure que la chose est possible. Et encore, ne le serait-elle pas aujourd’hui, qui vous dit qu’elle ne le deviendra pas demain ? Car affirmer que le système est « cadenassé » par ceux qui tiennent actuellement le pouvoir, c’est déjà leur assurer la victoire éternelle. Ce sont les électeurs qui font le résultat d’une élection ; ressasser sans cesse le même slogan éculé « c’est impossible », c’est déjà donner un blanc-seing à ceux qui détournent depuis toujours le système à leur profit.

 

Et si vous étiez candidat ?

 

Soyez candidat, sans qu’on vous le propose ! Attendre ce genre de proposition (qui ne peut, ni ne doit se refuser), c’est entrer « dans le moule » et contribuer innocemment à la pérennisation de cette routine. À peine entré en fonction, vous serez accueilli par vos « pairs » qui vous feront comprendre qu’on vous a choisi et que ce choix implique de grandes responsabilités. Vous êtes « la perle » recueillie au creux de l’assemblée composée de gens de qualités diverses. En aucun cas, vous ne devez permettre que ces traditions séculaires soient remises en cause. Si vous vous laissez endormir (après tout, l’expression « chambre des notaires » ne viendrait-elle pas de là ?), ils auront gagné la partie ! Entrer à la chambre, au conseil régional, ou même au CSN, ne fait pas de vous un surhomme ! Non, la fonction au titre ronflant que vous y aurez peut-être un jour, ne fait pas de vous un demi-Dieu… Ces fonctions, appliquez-vous à les remplir avec d’autant plus d’ardeur et de respect qu’elles vous ont été confiées par un électorat conditionné et que vous n’avez, finalement, qu’une faible légitimité. Faute de candidats surnuméraires, les élus ne sont souvent que des fantoches ; faute de véritable combat, les responsables ne sont généralement que des chargés de corvées… Peut-être aurions-nous intérêt à leur donner une véritable puissance en les mettant un tout petit peu en danger ?

 

Élections ouvertes à tous

Allez, confrères, si vous aimez cette profession et voulez réellement la servir, présentez-vous aux élections ! Je sais, « ça ne se fait pas », « c’est impossible »… Pourtant, des « inconscients » se sont déjà présentés en tant que candidats libres ! L’Univers s’est-il effondré ? Il ne me semble pas. Tous ces électrons libres n’ont pas été élus, mais ceux qui y sont parvenus, l’ont été légitimement. Tous ont un point commun. Avant de se présenter, ils se sont inquiétés du fameux principe de Peter : « ai-je atteint ici mon niveau maximal d’incompétence ? » Avant de parler d’ouvrir les élections, posez-vous bien la question : ces élections sont-elles réellement fermées ? La réponse, au risque de vous surprendre, est tout simplement : NON !