Notre panel a voté : la majorité n’est pas favorable au système de la cooptation sur les plans local (trop près) et national (trop important)… mais ne s’y oppose pas sur le plan régional.

 

Sur le fond, on assimile souvent la cooptation à du « copinage », elle est « contraire à la démocratie ». « La question est de savoir si nous sommes en démocratie. En cas de réponse affirmative, la cooptation n’en fait pas partie » écrit Joël Maire (Vosges). Le système est généralement jugé « injuste » (83 %), et « inefficace » (62 %), même si quelques-uns rappellent, avec malice, que « cela garantit la compétence et la qualité ». De plus, être élu est « souvent un sacerdoce » (Nicolas Parenteau, Charente-Maritime). « Il faut des gens compétents et la compétence ne résulte pas d’une élection au suffrage universel » estime également Gonzague Lembrez (Nord). Enfin, 29 % de résignés jugent la cooptation « inévitable » car, comme le soulignent Nathalie Andrier (Haute-Savoie) et Nicole Vidal-Gayral (Hérault), les bonnes volontés ne courent pas les rues ! La cooptation a des limites. « Les qualités des candidats ne sont pas évaluées et l’électorat a tendance à se déresponsabiliser ». « La cooptation permet à tout le monde de ronronner » nous dit-on en Ille-et-Vilaine. « C’est un système reposant », témoigne Hélène Desjacques Marroux (Drôme), mais on ne coopte que ses semblables, d’où problème de représentativité… ». Pour un lecteur de Saône-et-Loire, « les petits s’engagent peu par manque de temps ». Conséquences directes : toutes les opinions ne sont pas représentées (Patrick Baudu, Pyrénées-Orientales), « c’est la même caste qui se reproduit » témoigne un de ses confrères sans illusion. Or, comme l’écrit, dans une pirouette, Vincent Brood (Somme), « La démocratie est le moins mauvais des systèmes ! ».

 

Un programme ?

« Un candidat à une élection devrait-il proposer systématiquement une liste et un programme ? ». La question a suscité de la part de notre panel une réponse en demi-teintes. Pour 56 %, c’est indispensable : « Ce serait de vraies élections ! » nous dit un lecteur. Son confrère en voit surtout l’intérêt pour la chambre et le conseil régional. Les 44 % restant s’interrogent sur son réel intérêt : « Une présentation générale serait un premier pas, mais liste et programme ne risquent-ils pas de favoriser les politiques ? ». Enfin, notre panel se sent bien représenté sur les plans local (58 %) et surtout régional (77 %), mais un peu moins bien sur le plan national (48 %).

 

Vive la parité ?

58 % des notaires interrogés y sont plutôt favorables. « Je suis surpris qu’il n’y ait aucune femme au bureau du CSN » écrit un notaire du Morbihan. Pour beaucoup, « la parité forcée » a des effets pervers : « la parité oui, mais à condition que les candidats soient tous volontaires et désireux de remplir leur mission ! ». « Qu’est-ce que la parité en l’occurrence, sinon l’équivalence entre hommes et femmes, constate Me Maire (Vosges). Il me semble qu’aucun des deux n’est exclu. À chacun alors de trouver la motivation suffisante pour s’engager, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes ».

 

Le scrutin universel ?

Carton plein pour le suffrage universel réclamé, avec plus ou moins de succès, à tous les « étages » de la profession. En tête : les élections à la chambre avec un score de 82 % car « les candidats sont proches » ! « La sagesse du suffrage universel me semble un filtre nécessaire à la démagogie de certains jeunes loups » écrit Isabelle Perrossier (Drôme). Son confrère met un bémol : selon lui, « une élection au scrutin universel se ferait au détriment de l’unité et de la discipline de la profession ». De même, certains estiment que le président du CSN ne doit pas être élu au scrutin universel : « Le président du CSN étant l’incarnation de la profession, il doit faire l’objet de précautions plus importantes ». Même avis pour ce notaire de Saône-et-Loire : « La fonction de président du CSN est d’une telle importance qu’elle nécessite une préparation de nombreuses années et il est indispensable que le bureau soit de son choix ». En ce qui concerne le mode de scrutin, 70 % de notre panel est favorable à un vote via la clé REAL. « Cela règlerait définitivement le problème du choix par les notaires : on voit encore trop de décisions d’assemblées arrachées à main levée, sous prétexte de la lourdeur d’un vote écrit ». Certains mettent en garde : « Le scrutin doit rester anonyme » et de toute façon, « les textes ne le permettent pas actuellement ». Reste à savoir pendant combien de temps ?