N2000enqueteComment les notaires pensent-ils être perçus et, surtout, comment se voient-ils ? Enquête entre être, paraître et savoir-être…

A l’extérieur de l’étude, comment le notaire est-il perçu en général ?

Notre panel est confiant. Selon lui, les notaires sont généralement bien perçus à l’extérieur de l’étude, que ce soit par l’opinion (61 %), les pouvoirs publics (71 %), les collectivités publiques et les préfets (71 %). « L’image du notaire, un peu vieillot, un peu dégarni, en costume-cravate derrière son bureau, est encore très présente dans les mentalités nous dit un lecteur, mais, peu à peu, la tendance s’inverse avec la nouvelle génération qui renvoie une image plus dynamique et moins poussiéreuse ». Selon 71 % du panel, les politiques ont une vision mitigée du notaire. Peu reconnu au niveau national, le notaire entretient souvent de bonnes relations au niveau local. En revanche, le torchon brûle avec les médias. 65 % estiment qu’ils ont une mauvaise, voire très mauvaise opinion du notaire. Les plus optimistes (35 %) la qualifient de « moyenne ». « Hormis quelques médias minoritaires, la plupart feront toujours plus d’audience ou de papier en dénonçant les « privilégiés », les « riches », les « lobbys », les « professions protégées » qu’en dénonçant les vrais problèmes » justifie un lecteur des Bouches-du-Rhône. Si le notaire ne manque pas d’atouts, notamment avec l’acte authentique électronique (« c’est un formidable vecteur de modernité » écrit Amandine Hamelin, en Indre-et-Loire), le manque de transparence vient ternir l’image du notariat. « Je ne pense pas que notre image soit si mauvaise que ça, constate Me Chaize-Logerot. Ce qui dérange le plus est notre monopole et notre tarif. Combien de Français savent que nous sommes collecteurs d’impôts ? ».

Vous-même, comment percevez-vous les notaires ?

Sérieux, compétent, proche, pacificateur, intègre, le notaire est également défini comme étant lent, plutôt statique, distant, voire inaccessible, mauvais communiquant et mauvais pédagogue. « Les notaires des grosses études sont trop éloignés des clients, ce qui nuit à l’image des notaires en général » écrit un lecteur. Pour « positiver » le regard des autres, certaines actions pourraient être mises en place. Certains suggèrent que le notaire soit plus proche du grand public, que des actions type journées portes ouvertes soient menées, que des rendez-vous gratuits pour tous les futurs mariés soient mis en place, mais aussi que le notaire soit plus présent dans les réseaux sociaux et participe davantage à des manifestations sportives (Cyclonot, semi-marathon de Nice, etc.). D’autres aimeraient qu’il soit rappelé que le notariat n’est pas une exception française et que, « dans les pays où ils n’existent pas, le nombre de ventes se terminant devant le tribunal est beaucoup plus élevé ». Mais pour la grosse majorité de notre panel, c’est le « savoir-être » qui pêche. « Il convient d’expliquer, en utilisant le langage du quotidien, en quoi le notaire confère de la sécurité, témoigne un lecteur. Nous parlons toujours de l’acte authentique mais nous sommes les seuls à savoir ce que cela induit ». Pour Romain Lecordier (Manche), c’est bien de pédagogie dont il faut s’armer car il ne sert à rien de « lire les actes à 10 km/h, cela installe les clients dans la croyance que nous sommes un passage obligé, une réminiscence de l’ancien régime ».

A l’intérieur de l’étude, comment pensez-vous être perçu ?

C’est la question que nous avons posée à notre panel. Les résultats sont sans appel. Pour 100 % des notaires interrogés, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles à l’intérieur de leur étude. Et si l’opinion a parfois une image du notaire qui laisse à désirer (39 %), c’est, sans nul doute, la faute au confrère ! En effet, la totalité de notre panel a le sentiment d’être bien, voire très bien perçue par la clientèle habituelle de l’office, mais également par ses associés. L’indice d’autosatisfaction est également excellent avec les collaborateurs mais, plus nuancé, (cf. tableau), au niveau des confrères, de l’administration (fiscale en particulier) et des instances professionnelles.

Utilisez-vous un « questionnaire qualité » ?

Interrogés sur le questionnaire qualité, 37 % avouent avoir recours à cet outil. Son utilisation laisse toutefois à désirer… La majorité estime ne pas en avoir besoin. « J’estime être suffisamment ouvert et proche de mes clients pour comprendre le ressenti qu’ils pourraient avoir de mon métier » témoigne un notaire du Rhône. Pour son confrère auvergnat, nul besoin non plus de questionnaire qualité : « la connaissance individuelle de chaque client suffit à créer un dialogue et génère une remise en cause permanente ». En Seine-et-Marne, Christophe Vielpeau est en train de le mettre en place ce questionnaire dans le cadre de la démarche qualité.

Le site « notez votre notaire » est-il dangereux ?

55 % le jugent dangereux. Ici et là, on pointe du doigt son manque de représentativité (seuls quelques notaires sont épinglés) et l’absence de contrôle des avis. « Une personne mal intentionnée peut renseigner le questionnaire et porter préjudice à un confrère » explique Me Delayat (Saône-et-Loire). « Les mécontents sont malheureusement toujours plus expressifs que les clients satisfaits » constate également Christophe Vielpeau (Seine-et-Marne) qui soulève la question de la partialité des internautes. Pour son confrère des Bouches-du-Rhône, ce site est dangereux « car seuls vont « noter leur notaire » ceux qui en sont mécontents. Et à quoi est dû leur mécontentement ? Au fait que le notaire est un incapable, au fait que dans ce dossier particulier il s’est mal débrouillé (personne n’est infaillible), ou encore que ce client est toujours mécontent de tout et de tout le monde, de son médecin, de sa femme, de son voisin, du temps qu’il fait, du temps qu’il fera, etc. » Pourtant, 31 % pensent que le site « notez votre notaire » est utile à la profession. Son ouverture au public permet une proximité avec les notaires. Chacun peut noter son notaire, ce qui est déjà le cas pour d’autres professionnels. La seule parade est alors, comme le souligne Olivier Harnisch (Côte-d’Or), « de ne pas donner de raisons à la clientèle d’aller médire sur ces supports ».