Nous sommes, dit-on, entrés dans la civilisation de l’image et chacun s’affaire à donner de lui la meilleure impression possible, au point de négliger au profit de la forme ce qui constitue depuis toujours l’essence des choses : le fond.
Le design est roi, la marque triomphe, le look n’a pas quitté les esprits alors que le terme lui-même est tombé en désuétude.
Il faut paraître, il faut “faire figure”.
Le premier regard suffit à vous juger, à vous étiqueter, à vous porter aux nues ou à vous éliminer. Tant pis pour vous, victime des circonstances, d’une situation, ou même de votre manière d’être, ou pour eux… captifs d’une version moderne de la mythique caverne de Platon (1).
Nous-mêmes, notaires, dont la fonction essentielle est     pourtant de vérifier, d’aller au-delà des faux semblants, et         d’AUTHENTIFIER des réalités absolues, nous nous laissons abuser et, pire, sommes parfois amplificateurs du chant des sirènes ou dealers de miroirs aux alouettes…
L’état actuel de notre monde devrait pourtant nous inciter à aller au-delà des apparences !
“Être ou ne pas être” et non pas “Être ou le paraître”, telle restera toujours la question.
Mais l’effet de groupe, et ses conséquences -pourtant bien connues- sur le niveau intellectuel de chacun de ses éléments, restera longtemps un obstacle. Comme le disait Nietzsche : “Qui se sent profond tend vers la clarté ; qui veut le paraître vers l’obscurité ; car la foule tient pour profond ce dont elle ne peut voir le fond.”
Finir paraître, finir par être, telle est pourtant la solution.
Soyons donc !
Et tant pis pour ceux, “indégrottables”, qui préfèreraient rester à l’abri de la caverne des apparences…

1 – Pour ceux qui ont un trou de mémoire, la caverne de Platon met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine qui tournent le dos à l’entrée et ne voient que leurs ombres et celles projetées d’objets au loin derrière eux.