La négociation immobilière notariale est-elle promise à des lendemains heureux ? Jérôme Bordes, président du directoire des Éditions Notariat Services à Pompadour, groupe leader de l’annonce immobilière notariale et créateur du site immonot.com, répond à nos questions…
N2000 : Comment se porte la négociation immobilière notariale en 2008 ?
Jérôme Bordes : La négociation immobilière notariale subit actuellement le ralentissement du marché. Les stocks augmentent, les délais se rallongent, les acquéreurs attendent, les vendeurs aussi. Dans une telle situation, le rôle de la négociation notariale trouve tout son sens, celui de concilier les attentes et les intentions des deux parties. Toutes les études montrent que la négociation immobilière notariale répond à une demande du public qui est sécurisé par l’intervention du notaire dès la recherche du cocontractant. De plus, pour Bruxelles, la négociation notariale est un facteur de concurrence et donc de baisse du coût de l’intermédiation. Je ne pense donc pas que le notariat ait à s’inquiéter pour la pérennité de cette activité qui est d’ailleurs indispensable au maintien de certaines études en milieu rural et qui est défendue par la présidence du Conseil Supérieur.
N2000 : En 2007, le Groupe Notariat Services était fort de 37 journaux gratuits, repartis sur 47 départements. Qu’en est-il aujourd’hui ? Et quels sont vos objectifs pour demain ?
Jérôme Bordes : Nous continuons à progresser. Nous avons de nouvelles éditions depuis janvier et des projets pourraient se concrétiser en cours d’année. Cela confirme la vitalité actuelle de la négociation immobilière notariale et le rôle essentiel du support papier dans la communication et la négociation.
N2000 : Justement, 60 % des clients qui contactent les notaires le font grâce à Internet. La fin du “print”, c’est-à-dire du support papier, a t-elle sonné au profit du web ?
Jérôme Bordes : Je ne suis pas aussi affirmatif sur la répartition entre internet et le papier en ce qui concerne la provenance des contacts pour les études. Fin 2007, le Groupement Notarial de Négociation de la Gironde a fait un décompte très précis de l’origine des contacts. Sur 3 mois, 60 % provenaient des journaux et 40 % du web. Toujours est-il que celui-ci devient indispensable et incontournable. Nous en sommes conscients et travaillons beaucoup en ce sens, une nouvelle version d’immonot.com vient d’ailleurs d’être mise en ligne début avril. Nous considérons que les 2 types de support ne sont pas concurrentiels, mais complémentaires. Internet ne tuera pas le papier. Le web est un outil extraordinaire, mais pour les acquéreurs. Les vendeurs, les clients des offices notariaux, le public en général ne consultent les sites immobiliers sur internet que s’ils sont en recherche active. Les journaux, à condition d’être distribués directement dans les boîtes aux lettres, sont les vitrines des études négociatrices. La communication est essentielle à la profession, nous apportons donc beaucoup d’attention à notre rédactionnel que ce soit sur le fond et sur sa mise en page.
N2000 : Le CSN vient de mettre en place un portail immobilier. Comment analysez-vous la mise en place de ce portail et l’absence de concertation ou de partenariat avec Notariat Services ? Quid du site immonot.com ?
Jérôme Bordes : En ce qui concerne le portail immobilier du CSN, je m’interroge sur la pertinence de développer un outil commercial dans le contexte d’aujourd’hui et les turbulences que rencontre la profession actuellement. Le CSN développe des partenariats avec des sites d’agents immobiliers, est-ce lui qui va acheter et vendre de l’espace sur ces sites ? Que va-t-il faire des éventuels bénéfices ou… pertes liés à cette activité ? Est-ce bien son rôle et est-ce bien le moment ? Pour ce qui est des relations avec immonot, il est vrai que l’on peut s’interroger sur la stratégie de l’Indi qui nous a proposé, en janvier 2007, de participer au portail, ce que nous avons accepté par écrit dans les quelques jours qui suivirent, et, depuis, j’entends dire que nous avons refusé. J’avoue avoir du mal à comprendre, pas plus que je ne comprends l’intérêt pour le notariat de développer des passerelles de multidiffusion avec des partenaires dont l’essentiel de l’activité repose sur les publicités d’agences immobilières, tout en nous excluant volontairement du nombre de ces partenaires. Nous avions réservé un espace dans “Notaires Vie Professionnelle” d’avril pour annoncer la mise en ligne de la nouvelle version d’immonot, je viens d’apprendre que cette publicité est refusée sans qu’aucune raison ne nous soit fournie. De quoi le CSN a-t-il peur ? Le portail ne serait-il pas suffisamment performant ? En ce qui nous concerne, nous ne refuserons pas une publicité pour le portail du CSN dans nos journaux, nous avons déjà accueilli une publicité du portail immobilier de Ouest-France et cela n’a pas nui à nos relations avec ce groupe. Bien au contraire, nous réfléchissons actuellement à un partenariat. J’ai le sentiment que l’Indi, qui prend les agents immobiliers pour partenaires, nous considère comme un concurrent, alors que notre seul but, qui est d’ailleurs celui qui devrait guider les instituts de la profession, est la satisfaction des notaires et de leurs clients.