Marianne, notre jeune notaire assistant, aime le travail bien fait. Elle écoute longuement les clients afin de décrypter juridiquement leurs souhaits, fait des recherches, constitue rigoureusement ses dossiers, remanie ses clauses. Mais elle se sent parfois mal à l’aise face aux exigences patronales qui ne rentrent pas dans le moule de sa propre conception du travail bien fait…
J’aime prendre le temps de m’appliquer, d’aller au fond des choses… Déjà, à la fac, j’étais comme ça. Cela m’a valu de décrocher, chaque année, une mention ! Aujourd’hui, rien n’a changé. Au « prêt-à-porter » proposé par les logiciels, je préfère le « sur-mesure ». Les clients apprécient mon implication. Je m’intéresse à leur cas et nous cherchons ensemble des solutions à leurs problèmes juridiques. À la fin du rendez-vous, leurs remerciements sont la plus belle récompense. Et, comme dirait ma grand-mère, « besogne qui plaît est à demi faite » !
Vite fait, bien fait ?
Mais je me heurte bien trop souvent à une pénible ritournelle : « Il faut faire plus d’actes ! ». Loin de moi l’idée de fustiger les chefs d’entreprise qui doivent faire « tourner la boutique » et même la développer. Cela me semble tout à fait louable. Mais en tout, l’excès nuit… Et de nos jours, nous ne pouvons pas travailler vite et bien. Il y a trop de choses à vérifier, de formalités à accomplir. Ces dernières années, les nouvelles réglementations et réformes nous ont été imposées de façon exponentielle et anarchique. Pour une vente par exemple, il faut beaucoup plus de travail et de temps qu’il y a 15 ans (il n’y a qu’à regarder la différence du volume de ces minutes !). Mais je refuse de sacrifier la qualité pour la quantité au nom de notre mission de service public. « Le temps, c’est de l’argent », me direz-vous. Je valide ! Si je passe du temps à régler le dossier de Monsieur X dans les meilleures conditions, alors peut-être aurais-je ensuite la satisfaction de me voir confier également les dossiers de la famille X, voire de ses amis ! Et si l’on en croit Jean de la Fontaine, entre le lièvre et la tortue, c’est bien la persévérante tortue qui « se hâte avec lenteur », et franchit la première la ligne d’arrivée…
Juste prix
Assurer aux clients une prestation de service au juste prix me semble également capital ! Par exemple, faire le partage des immeubles dans les 10 mois du décès. Ne réintégrer les donations antérieures dans une donation-partage que si c’est utile. Ne facturer un article 4 que si cela a été accepté par le client en connaissance de cause, explicitement justifié et autorisé par le tarif. Évaluer les biens d’une succession à leur juste valeur. Inclure le prêt dans l’acte de vente. Ne pas renouveler 10 fois un état hypothécaire si l’on sait que la date butoir est dans 1 an. Là, je sens que vous souriez : c’est une lapalissade… Pourtant, il semblerait qu’en pratique certains notaires ne procèdent pas forcément ainsi !