Harry et la Marquise des Anges

Le calme semblait de nouveau régner sur le monde des magiciens du droit. Bien entendu, « ceux dont on ne doit pas prononcer le nom » (comprenez « les sollicitores ») tentaient encore régulièrement de faire ombrage aux vaillants magiciens du droit, mais sans réel succès. Ils semblaient perdre un peu d’influence au sein des instances des « Cervomous » (c’est-à-dire ceux qui ne possédaient aucun don de magie). Un nouveau ministre des affaires du droit devait être nommé prochainement par le Petit Conseil des Petits Sages. Toute l’école de Notlard était en attente des résultats des réflexions du Conseil. Harry s’était toujours étonné de la manière dont les « Cervomous » procédaient à ces nominations. Il pensait, en effet, bien plus judicieux de procéder comme à l’école de Notlard par l’envoi d’un elfe annonçant d’une voix forte : « Ce sera toi qui le seras ! ».

 

Angélique, marquise des Anges

Soudain, la lumière se fit plus brillante dans le grand réfectoire de l’école de Notlard. Le Président Peujot se retourna vers le rideau de fumée d’où semblait venir cette vive lueur. Il resta quelques instants à discuter avec l’elfe qui venait d’apparaître, puis se retourna vers les élèves. Ces derniers n’avaient pas bronché.

 Nous avons un nouveau ministre ! Je vous avoue ma surprise puisqu’il s’agit, comme moi, d’un professeur, annonça, d’un timbre quelque peu amusé, le Président Peujot.

Toute l’assemblée retenait sa respiration en attendant que le président donne enfin un nom à ce nouveau ministre. L’attente ne fut pas longue. Soudain, on vit Geoffrey de Pérac apparaître dans un écran de fumée. Il semblait tout droit sorti d’un film culte chez les « Cervomous » en 1964.

 Jeunes gens, veuillez vous incliner devant sa Majesté le ministre Angélique, clama Geoffrey de Pérac.

C’était donc elle qui avait été choisie pour diriger le monde du droit, ce monde où l’harmonie avait été si longtemps mise à mal…

 Tu la connais ? chuchota Harry à l’oreille d’Hermi-Mam

 Bien sûr ! Quand elle était plus jeune, c’était une personne merveilleuse, d’une très grande beauté ! On l’appelait même la Marquise des Anges…

 

À Barcelona avec les Pompad’Or

Harry ne savait que penser de ce nouveau ministre. Allait-il lui aussi pencher en faveur de « ceux dont on ne doit pas prononcer le nom » ? Tout à ses réflexions, Harry quitta le réfectoire pour préparer son balai volant et ses affaires de rechange. Demain, à l’aube, il partait avec toute la classe de Pompad’Or à Barcelona, en Hispanie occidentale. Un grand tournoi de Boggeysh était organisé par la fameuse école de Notaros dos Barcelona. Harry avait récemment fait de grands progrès dans cette discipline. Il réussissait pratiquement tous ses engagements et terminait régulièrement en double, parfois même en triple Boggeysh ! Demain enfin, il allait pouvoir se mesurer aux champions du monde.

À l’exception des trajets entre la maison de l’oncle Barrister et l’École de Notlard, Harry n’avait encore jamais voyagé. Il craignait que son balai ne soit pas assez puissant pour réaliser un si long trajet. Hermi-Mam le rassura.

 Ne t’inquiète pas Harry, tu pourras toujours te raccrocher à mon nouveau Balai Nymbius, lui dit-elle.

La nuit fut agitée, les rêves d’Harry étaient étranges. Il voyait un monde d’où les magiciens du droit avaient disparu, un monde uniquement peuplé de « Cervomous », où « ceux dont on ne doit pas prononcer le nom » semblaient régner en maîtres absolus. Bref, un monde sans paix, ni harmonie. C’est alors que le Hibou d’Hermi-Mam vint lui chantonner une berceuse pour le réveiller : il était déjà sept heures du matin et les élèves étaient attendus à Barcelona…