Au cinéma, les potiches de François Ozon s’affichent avec un humour décapant. Au gouvernement, on vient d’assister à un jeu de rôles palpitant entre des non-potiches, certaines se « cassant » et d’autres entrant. Du côté du CSN, c’est relâche pour les femmes, faute « d’actrices »…

 

La Loi préconise « l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives ». L’article 4 précise que « les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe ». Malheureusement, les « sages » qui parrainent les candidatures aux fonctions électives font preuve d’un piètre civisme… Sur 38 « délégués au Conseil supérieur », on compte seulement 3 femmes aptes à être élues, soit moins de 10 %. Et parmi les 6 Cours pouvant nommer 2 délégués, seulement deux d’entre elles ont joué la carte de la parité ! Peu ou pas d’appel à candidature quand les postes sont à renouveler en province, pas de suggestion d’alternance de la part des provinciaux ! Pourtant, actuellement, un quart des notaires sont des femmes et notre personnel est aux trois-quarts féminin. Quant au développement souhaité des notaires salariés, il devrait augmenter mécaniquement la proportion des femmes notaires. Actuellement, plus de la moitié des notaires salariés sont des femmes !

 

Parité

Incontestablement il y a un problème de non-présence féminine dans les instances dirigeantes du notariat. Est-ce important ? Oui, si l’on suit la mode du « cocktail » des minorités pour constituer une majorité. Non, si on retient le caractère de la « fonction élective » qui se différencie du « mandat électif » car elle s’attache plus à la direction qu’à la représentation. Séparation des pouvoirs oblige, diriger et représenter sont incompatibles, le dirigeant n’a donc pas à être à l’image de l’administré alors que le représentant doit ressembler au représenté ! Si la parité n’est pas obligatoire dans le cadre de « fonction élective », la présence féminine n’est pas anodine. Quel est donc l’impact réel de la féminisation du notariat ? Margaret Thatcher déclarait : « Si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme ». Doit-on se ranger à son avis ?

 

Une approche différente

Femmes et hommes ont une approche différente. Notre Caisse de garantie et notre assureur interviennent proportionnellement bien moins souvent pour nos consœurs, les institutions disciplinaires connaissent aussi moins de problèmes déontologiques concernant des notaires de sexe féminin ! Comment l’expliquer ? La testostérone favoriserait-elle la recherche de dominance et les conflits qui vont avec ? Ainsi les bœufs musqués (ce sont des taureaux !) se fracassent la tête à se fendre le crâne (cela arrive) et accède à la reproduction le crâne le plus dur. Hélas ce rituel développe la brutalité comme une qualité ! Les mythes de la croissance, du développement, de la concurrence formulent la recette la plus sûre du désastre. Un célèbre juriste espagnol du XVIIe siècle, don Martin Lariaregui, disait : « Une des raisons pour lesquelles les femmes ne peuvent être juges, c’est qu’elles sont trop sensibles… qu’elles pardonnent facilement. » Ce sont de grandes qualités pour des conciliateurs. Loin d’être des potiches, nos sœurs sont généralement plus pragmatiques et se laissent moins facilement entraîner vers l’agressivité.

 

Place aux femmes ?

« Ma revendication en tant que femme, c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin », écrivait Simone Veil. Il aura fallu attendre Me Marconnet, première femme notaire à Riom en 1949, suivie par Me Masson, notaire à Argeles Gazost pour que les femmes accèdent à la profession. Paris a mis 30 ans de plus pour faire une place à Me Letulle en 1977. Combien faudra-t-il attendre pour qu’une femme devienne Présidente du CSN ? Et combien de temps pour une notaire salariée ? Comme disait Margaret Thatcher, « Vous pouvez avoir à livrer la même bataille plus d’une fois pour la gagner ». Une chose est sûre : les femmes ne doivent plus accepter des fonctions de potiches pour aider les hommes à respecter la Loi et se donner bonne conscience.