La polémique sur les bonus a mis en évidence le peu d’effet de la crise sur les comportements des financiers qui nous gouvernent. L’un des révélateurs importants en a été la possibilité pour les traders d’encaisser des gains considérables sans que ceux qui les emploient maîtrisent correctement les risques qu’ils font prendre à notre société. Ces dirigeants sont d’ailleurs les premiers responsables de ces égarements et c’est donc eux qu’il conviendrait de régir en premier.

 

Dans les plus belles baies du monde, s’agglutinent, années après années, de superbes vaisseaux appartenant à de vaillants capitaines d’industrie, mais aussi à des trafiquants de tous bords auxquels se mêlent maintenant nombre de traders qui font les beaux jours des places financières. Ces opérateurs dont, en dehors des officines de change, on ignorait l’activité il y a moins d’un quart de siècle, apparaissent depuis la crise comme les nouveaux prédateurs de notre économie. Ils le sont devenus par la volonté de leurs maîtres, dirigeants de grandes banques, qui les comblent de bonus extravagants pour bénéficier des fruits de leurs cerveaux inventifs. Or, la lecture des sommes versées à certains de ces banquiers (1), plusieurs millions d’euros par an, laisse rêveur. D’autant que ces salaires ont connu une progression considérable ces vingt dernières années, sans que les capacités des hommes qui gouvernaient ces établissements se soient sensiblement améliorées.

La crise a révélé que la contrepartie de ces largesses reposait en partie sur l’économie réelle. Il était donc urgent d’encadrer cet engouement pour des pratiques financières bien souvent obscures, jugées utiles pour réaliser la liquidité nécessaire au fonctionnement des marchés. C’est, en effet, grâce à cette liquidité que l’on peut trouver en permanence un acheteur et un vendeur pour tous types de produits, qu’ils soient commerciaux ou financiers. Cela grâce à l’utilisation de modèles qui peuvent s’apparenter aux martingales que les joueurs utilisent dans les casinos. L’activité des traders se déroule, en effet, comme à la roulette, dans un jeu à somme nulle. Les gains faits par les uns correspondent aux pertes faites par les autres. Seul inconvénient, les sommes mises en jeu par ces financiers de haut vol ne leur appartiennent pas. Théoriquement ce sont d’abord les fonds propres des banques, propriété de leurs actionnaires. Il en est résulté la faillite de 74 banques américaines depuis le début de l’année. Mais comme on l’a découvert dans l’affaire MADOFF, c’est bien souvent aussi les fonds déposés par leurs clients qui en pâtissent.

Si l’on veut vraiment moraliser la profession, il faut d’abord revenir à la séparation entre Banque de dépôt et Banque d’affaires et, pour ces dernières, appliquer comme principe de base, que les perdants payent directement les gagnants. C’est-à-dire que les primes des uns soient prises sur les revenus des autres. Idéalement, comme dans les maisons de jeux, ce sont les dirigeants des banques perdantes qui devraient régler personnellement ceux des banques gagnantes. On peut ainsi imaginer que les uns et les autres aient l’obligation de cotiser à un fonds commun. Leur cotisation varierait en fonction de l’importance du groupe qu’ils dirigent, des gains qu’ils en escomptent pour eux-mêmes et des bénéfices prévus pour leur établissement. En fin d’année, les résultats obtenus par chacun permettraient de déterminer la liste des gagnants et des perdants et de payer les primes des premiers sur les fonds déposés par les seconds. Cette suggestion apparaîtra probablement très contestable aux principaux intéressés qui défendent, bec et ongles leurs privilèges. Jouer avec l’argent des autres, qu’ils soient actionnaires ou clients est tellement plus confortable que prendre le risque de jouer avec ses propres deniers…

 

Tendance concernant l’activité

N.B. : Depuis le début de l’année, la proportion des notaires prévoyant une baisse des prix diminue de manière régulière tant pour les logements que pour les terrains

 

Alors que depuis le début de l’année, l’activité des services de négociation n’avait cessé de s’améliorer, le repli annoncé pour les vacances ne s’est pas fait réellement sentir. Le volume d’affaires est demeuré globalement le même qu’en juin. Plusieurs études signalent l’irrégularité et le caractère “très aléatoire et non prévisible“ de cette activité. La reprise, bien que fragile, demeure bénéfique en période de crise. Elle permet à certaines études de rouvrir leur service négociation. Cependant, la forte activité sur le neuf annoncée par le gouvernement avec une hausse de 30 % entre le 1er et le 2e trimestre ne semble pas s’être poursuivie durant l’été.

 

Tendance concernant les prix

N.B. Le retournement de tendance, apparu début 2009, s’est poursuivi avec une progression constante de l’activité dans les services négociations. Il marque une pause à la fin de l’été (courbe bleue du graphique) et non un ralentissement comme annoncé fin juin (courbe rouge). Pour autant les prévisions faites en août pour les deux mois à venir demeurent optimistes.

 

Cet été, le marché immobilier semble avoir profité d’une amorce de reprise. Dans le logement, certains, comme le négociateur de Mes Pinteaux et Mauclaire (51), pensent que : “le gros de la crise est passé, mais qu’il faut rester vigilant avec les risques internationaux”. Car, comme le fait remarquer l’étude Cauët (Indre) : “le nombre de transactions reste faible par rapport aux années passées, et les prix baissent sans vraiment chuter”. En fait, les deux tiers de notre panel ont constaté une baisse des prix cet été, le tiers restant estimant qu’ils sont demeurés stables. Pour les mois à venir, les opinions des participants à cette enquête sont plus favorables. Pour les logements, 39 % penchent pour la poursuite de la baisse des prix, 58 % pour leur stabilité et 3 % pour une hausse. Pour les terrains, ces proportions s’élèvent respectivement à 26 %, 71 % et 3 % alors que pour les commerces, elles demeurent sans changement notable par rapport aux prévisions faites en juin.

 

Le conseil des notaires

Cette amorce de reprise amène les notaires, dans leur grande majorité, à accentuer les conseils de vente lorsque leurs clients souhaitent remplacer le logement qu’ils occupent. Ils préconisent de retarder d’autant l’achat du nouveau bien, estimant que les conditions favorables à une remontée des prix ou à leur stabilité ne devraient pas se prolonger très longtemps. Pour les terrains, ces conseils sont légèrement plus nuancés. 26 % préconisent l’achat en premier, laissant augurer une amélioration des prix. Compte tenu de la baisse, au 1er semestre, du stock des logements détenus par les promoteurs, on peut penser que la demande de terrains à bâtir va repartir pour permettre de nouvelles mises en chantier dans le neuf.

 

NDLR : Cette tendance porte sur les mois de juillet-août. Elle a été rédigée le 31 août 2009.

1. Ainsi, comme relaté par Le Monde du 16 août, les dix personnes les mieux payées de la BNP se sont partagé 112 millions d’euros en 2007 et 50 millions en 2008.