J’ai fait un rêve.
J’étais notaire à Paris lorsque j’appris que, sous l’impulsion de l’Union européenne, la France avait supprimé la condition de nationalité.
Mon rêve commençait à virer au cauchemar lorsque j’imaginais tous les notaires de l’union qui allaient s’installer près de mon étude, voire de l’autre côté de la rue !
Me vint alors l’idée d’ouvrir grand les portes et le capital de mon étude. Je fis donc entrer comme associé un notaire belge, un Allemand, un Italien, un Néérlandais et un Espagnol.
La clientèle internationale fut vite nombreuse à venir faire rédiger ses actes en mon office.
Restaient quelques petits problèmes de communication interne dus à l’absence de langue commune. Utiliser une origine de propriété en néérlandais n’était pour moi pas chose facile.
J’interrogeais donc le CSN sur la possibilité de rédiger les actes en esperanto. La réponse négative ne tarda pas à venir rapidement et mes problèmes de communication empiraient. L’anglais connu de nous tous ne pouvait être utilisé car cette langue vient de pays où le notariat n’existe pas et ne connaît point le langage notarial.
C’est alors que j’eus l’idée de revenir à une de nos langues communes, parfaitement adaptée à notre système juridique… le latin. Mes associés et moi rédigions donc nos actes en latin et les institutes de Justinien devinrent vite notre livre de référence.
Tout était merveilleux, nos actes ressemblaient à ceux de nos ancêtres et le latin trouvait sa place mieux que nulle part ailleurs dans le vocabulaire juridique. Usus et Fructus sonnaient aussi bien que les nombreux adages. Le latin fut même à nouveau enseigné dans les facultés de droit et le maîtriser parfaitement était indispensable pour postuler au mastère de droit notarial. Tout semblait au mieux dans le meilleur des mondes lorsque, subitement, je réalisai que mes clients ne comprenaient absolument pas le moindre mot de mes actes…
Et je me suis réveillé.