Dans l’enthousiasme de la jeunesse, dans l’illusion de la confraternité, certains se lèvent sans autre volonté que de servir. Mi naïvement, mi lucidement, ils trouvent indigne de ne travailler que pour leur seul bien-être, d’autant que les efforts qu’ils consentent pour ce qu’ils estiment être le » bien de tous » ne sont finalement guère plus importants que ceux qu’ils auraient dû consentir pour réaliser mesquinement leurs seuls objectifs personnels. Oh, ils ne font pas dans la nuance, ces » volontaires « , mais c’est précisément parce qu’ils le sont, volontaires !
Les volontaires ont un idéal, qui peut les rendre intransigeants. D’ailleurs, il n’en faut pas beaucoup pour qu’ils montent au créneau, prêts à pourfendre des moulins. Qu’on les complimente, ils en rajoutent ; qu’on les critique, ils surenchérissent ! Alors, souvent, on les ignore ; quelquefois, on les freine. S’ils persistent, on les écarte… Et il leur faut alors une sacrée volonté pour continuer à agir, toujours pour le bien de tous. J’en ai croisé beaucoup de ces notaires » atypiques « , certains d’entre eux ont laissé des traces tellement profondes qu’elles ne pourront probablement pas être effacées par l’érosion naturelle. J’ai même, parfois, partagé leur route…
On prête souvent aux » volontaires » un caractère aigri et revanchard, une volonté d’en découdre. Car s’il est » bon » de sacrifier son temps aux organismes statutaires qui, comme chacun sait, détiennent la vérité, il est » inacceptable » de participer à ces groupements incontrôlés qui veulent, c’est bien connu, entraîner le notariat à sa perte. Les » volontaires » se sentent souvent mal à l’aise dans la solitude. Ils ont donc tendance à se grouper, dans l’idée de travailler ensemble à la réalisation d’un idéal commun. Ils sont souvent convaincus que la connaissance est la seule chose qui augmente lorsqu’on la partage. C’est pourquoi, ils tentent de s’intégrer dans une structure, de rejoindre un groupe qui leur paraît apte à les comprendre, à les aider, et auquel ils pourront, en retour, apporter leur énergie pour faire » avancer les choses « . Or toute structure, même volontaire, devient très vite un lieu de pouvoir, dans lequel foisonnent les titres, et se noient les idées. L’enthousiasme est encadré par les procédures administratives, la créativité s’émousse, les stratégies politiques finissent par prendre le pas sur l’imagination, et les tenants du » pouvoir » (qui pourtant n’y est qu’illusion) tentent par tous les moyens d’éviter que quoi que ce soit ne vienne ébranler leur tranquillité et remettre en question leurs » prérogatives « . Le volontaire, s’il l’est toujours, n’a alors que peu de choix : rester, et se laisser peu à peu, pétrifier sur place comme les autres, changer de structure, ou plus simplement baisser les bras…
En fait les véritables » volontaires » se trouvent bien souvent dans la position du galet dans le lit du torrent. Leur place est rarement confortable, et ils se font parfois rouler…Pourtant, que seraient sans eux, les structures volontaires ? Symétriquement : faut-il écarter l’idée que puissent aujourd’hui exister des » volontaires sans structure « …