Si le volume des ventes ralentit, les Français ont autant besoin de se loger. Aussi, devrait-on s’intéresser de beaucoup plus près à tout ce qui touche à la location…
La base est le bail d’habitation, délaissé par les notaires parce qu’il est peu rémunérateur à court terme, mais offre des opportunités de nombreux contacts avec une clientèle élargie, plus jeune et porteuse d’avenir. Le bail d’habitation est un produit d’appel, car nous savons tous sa rémunération. Les propriétaires vendeurs non satisfaits des prix devraient pour une partie mettre leur bien en location, les futurs acquéreurs anticipant une baisse devraient eux aussi se tourner un temps vers la location.
Impact national
Dans cette configuration et pour avoir un certain impact, une opération d’envergure pourrait être tentée. Elle pourrait être testée à l’échelle d’un département, avec la mise en ligne d’un bail type sur le site d’une chambre départementale. Une communication par voie de presse et radios locales, inciterait à l’adapter en prenant contact avec un notaire. Près de 50 % des Français ne sont pas (encore) propriétaires et leur nombre se renouvelle perpétuellement. Nous ne risquons rien à cette expérience, même en cas d’échec. Cette campagne serait ciblée sur un service à développer et conserverait aussi notre image de conseil ou expert de l’immobilier proche des gens. La CDC pourrait donner un coup de main pour peaufiner la caution du locataire.
Accessible et compensateur
Le bail constitue un créneau facile et accessible par toutes les études. Il donnerait l’occasion de distribuer des conseils dans bien des domaines, à commencer par l’examen du régime matrimonial et des dispositions à cause de décès. C’est un « petit » amortisseur anti-crise et compensateur pour nos études. L’administration de biens et la régie d’immeuble pourraient éventuellement suivre à moyen terme pour certains. Bien sûr, d’aucuns vont crier à l’hérésie : le bail, c’est essentiellement du sous seing privé et, à une époque où nous faisons tout pour redorer le blason de l’authenticité, ce n’est pas opportun. Certes, mais souvenez-vous du jour où vous avez fait votre dernier bail d’habitation authentique ? Ne faut-il pas considérer aussi que la plupart de nos actes authentiques sont à base de sous seing privé : l’immobilier avec le compromis (s.s.p), les successions avec les déclarations de succession (s.s.p). Pas de compromis : plus de vente. Pas de déclaration de succession : plus de conseil fiscal. Pas de bilan patrimonial (s.s.p) : pas de conseiller patrimonial, les procurations…etc.
On a souvent besoin d’un plus petit que soi…
Le « petit » sous seing privé libère souvent le « grand » authentique. C’est un continent à ne pas dédaigner de nos hauteurs, à explorer, et qui n’est pas délaissé par les avocats, ni par les banques (sic). Nous n’avons quasiment rien à perdre avec le bail d’habitation sous seing privé… si c’est nous qui le faisons. Si donc le volume des transactions immobilières diminue, la nature ayant horreur du vide, le volume des locations devrait augmenter. Le notariat devrait se pencher sur sa gamme de services. Pour les Français, le bail est un service simple, facile et bien connu. Il peut être une porte d’entrée de nos études, une occasion d’activer nos coopérations et notre réseau horizontal et nos fichiers informatiques interconnectés pour le besoin. L’impact de retour de bâton des professionnels qui occupent ce secteur est quasi nul. Et souvenons-nous du souriceau dans la fable de La Fontaine (Le lion et le souriceau) : « Et d’un coup de dents, il rongea le filet et libéra le brave lion… »