Dès mes premiers instants sur les bancs de la fac, sans hésitation, je voulais devenir notaire. Je voulais accomplir ma mission de service public, loyalement remplir mes fonctions avec exactitude et probité… J’envisageais très clairement mon avenir. Les années ont passé. Le jour de l’obtention du diplôme fut l’un des plus beaux de ma vie. Aujourd’hui, je suis notaire assistant. Le travail quotidien n’est pas facile, mais je l’aime toujours. Je rêverais de m’installer, mais je découvre qu’entre avoir le diplôme de notaire et être notaire, il existe un abîme.
7 ans d’études
Oui, 7 longues années de lutte, après le bac, pour parvenir à décrocher le précieux sésame. Et après ? Mon travail quotidien me procure un revenu mensuel d’environ 2 100 € net, alors que mes amis, fraîchement sortis d’écoles de commerce ou d’études médicales, gagnent au moins le double (même en Province !). L’appât du gain ne me gouverne pas… mais tout de même ! Le notaire assistant traite les dossiers de A à Z, est en contact direct et permanent avec les clients, part en rendez-vous extérieur, gère les problèmes et les conflits jusqu’à aboutir à la signature de l’acte. Effectuer toutes ces tâches, c’est être notaire, il me semble ?
Le prix du rêve
« Le notaire assistant n’est pas content ? Eh bien qu’il s’installe ! » me direz-vous ! Facile à dire… Surtout quand on n’est pas « fils » ou « fille de… ». Il faut alors rechercher activement une étude ou des parts, et vu le peu d’offres, pas question de faire la fine bouche devant l’emplacement géographique. Quand la perle rare est enfin dénichée, il faut alors verser au cédant un apport personnel pouvant aller jusqu’à 25 % du prix. Quel jeune peut aujourd’hui se targuer d’avoir une telle somme ? Et parfois, le projet est « retoqué » car le prix est trop élevé… Eh oui, après plusieurs années de vaches grasses, la retraite… ça se prépare !
Plus de notaires
Pourtant, on nous « casse les oreilles » avec la nécessaire augmentation du nombre de notaires. Or c’est une réalité : actuellement, les jeunes peinent à s’installer. On pousse les notaires stagiaires à soutenir leur rapport de stage avant décembre 2012 : pour quoi faire ? Augmenter le nombre de diplômés sur la touche ? Leur offrir un poste de notaire salarié sans leur ouvrir le capital ? Attiser les frustrations, les jalousies ? Et, enfin, perdre le contrôle du développement de la profession, comme chez les avocats ? Décidément, on vit une époque « formidable »…